Dernière mise à jour à 11h01 le 01/01
Comme pour le Brexit en Angleterre et l'élection de Donald Trump aux Etats Unis, 2016 a été marquée par une succession d'imprévus au plan politique en France, démentant parfois tous les sondages et analyses politiques, comme la victoire de François Fillon à la primaire de la droite, l'élimination au premier tour de Nicolas Sarkozy et son retrait de la scène politique ou encore le renoncement de François Hollande à l'élection présidentielle.
La première grande surprise de ces rebondissements politiques a été la victoire de l'ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy, François Fillon à la primaire de la droite en vue de l'élection présidentielle de 2017.
Classé en troisième position par les sondages, loin derrière les favoris Alain Juppé et Nicolas Sarkozy, M. Fillon a créé la surprise en arrivant largement en tête au premier tour de ce scrutin avec 44,2% des voix, devant Alain Juppé 28,5% et l'ancien président Nicolas Sarkozy, 20,6 % des voix.
A trois jours du premier tour de la primaire, un sondage Ipsos-Sopra-Stéria créditait M. Fillon de 22% des intentions de vote contre 29% pour M. Sarkozy et 36% pour M. Juppé.
Cet exploit de François Fillon s'est confirmé au second tour avec 66,5% des voix contre 33,5% pour Alain Juppé, et fera ainsi de lui le candidat de la droite et du centre à l'élection présidentielle de 2017.
Et le nouveau candidat de la droite à l'élection présidentielle n'a pas manqué de jeter quelques piques aux sondages et analyses qui l'ont éliminé à tord, dès le premier tour de cette primaire.
"L'espoir s'est manifesté avec force partout en France, démentant toutes les prédictions. Cet espoir vient d'un peuple libre, réfléchi, d'un peuple qui demande qu'on l'écoute et qu'on lui face confiance", a dit M. Fillon lors de son discours de remerciement de ses militants.
L'autre grand imprévu de cette élection a été l'élimination dès le premier tour de l'ancien chef d'Etat Nicolas Sarkozy ainsi que son retrait de la scène politique.
Même si les sondages donnaient Alain Juppé légèrement en avance, rien ne présageait une sortie de M. Sarkozy au premier tour de la primaire. Le candidat de la droite "décomplexée" fort de son stature d'ancien président de la République et celui des Républicains avait toutes les chances de remporter au second tour, selon ses proches, face à un Alain Juppé jugé trop proche du "centre gauche".
Mais les électeurs de droite et du centre en ont décidé autrement. Et ce rejet de M. Sarkozy et de son programme entraînera un autre imprévu : la décision de l'ancien chef d'Etat de se retirer de la scène politique pour se consacrer à sa vie privée.
"Il est temps maintenant pour moi d'aborder une vie avec plus de passion privée et moins de passion publique. Bonne chance à la France, bonne chance à vous mes chers compatriotes (...) J'ai été heureux de participer à ce combat, au revoir à tous", a déclaré M. Sarkozy se disant triste de ne pas avoir été capable d'apporter le succès à ses militants.
Autre événement surprenant qui aura marqué l'année 2016 est le renoncement du président Hollande à être candidat à sa propre succession.
Alors que la presse le soupçonne de vouloir contourner la primaire de la gauche pour se présenter directement à l'élection présidentielle, que les sondages le classe derrière le candidat de la droite et celui du Front national, donc éliminé dès le premier tour, M. Hollande annonce le 30 novembre dernier avoir renoncé à se porter candidat à la présidentielle.
"Aujourd' hui je suis conscient des risques qui feraient courir une démarche, la mienne qui ne rassemblerait pas largement autour d'elle. Aussi j'ai décidé de ne pas être candidat à l'élection présidentielle", a déclaré François Hollande.
Ce renoncement de François Hollande libère ainsi la voie aux jeunes prétendants comme son désormais ancien Premier ministre Manuel Valls qui va présenter sa candidature, quatre jours après la décision du chef de l'Etat.
Outre les imprévus à la droite et à la gauche en 2016 au plan politique en France, on voit aussi la montée du Front national (FN) et de la nouvelle tendance de l'ancien ministre de l'Economie Emmanuel Macron, qui pourraient créer des surprises lors de l'élection présidentielle 2017.
Depuis la victoire du Brexit au Royaume-Uni en juin, l'élection surprise de Donald Trump à la tête des Etats-Unis en novembre, les résultats du référendum italien en décembre, chacun scrute sa boule de cristal et échafaude toute sorte de scénarios de politique fiction. Dans ce contexte, la présidentielle française, une des grandes échéances électorales en 2017, cristallise l'émotion dans un climat de catastrophisme où l'irrationalité prime sur l'analyse.
Des sondeurs qui se sont trompés, des éditorialistes politiques qui n'ont rien vu venir, des réseaux sociaux qui auraient biaisé les résultats des élections... Un électorat déboussolé, des élites déconnectées des réalités des citoyens, un establishment corrompu, de multiples fractures sociales, un accroissement des inégalités, une crise de la démocratie... Autant de facteurs d'instabilité qui font dire à certains que désormais tout est possible, et que Marine Le Pen, forte de ses derniers succès dans les urnes, pourrait être en passe de devenir la Donald Trump française.
Mais selon des analystes politiques locaux, Si la progression du Front national dans l'Hexagone est indéniable, voir en Marine Le Pen une Donald Trump à la française capable de l'emporter à l'élection présidentielle des 23 avril et 7 mai prochains relève d'un raccourci intellectuel et d'une méconnaissance des systèmes et de la culture politiques des deux pays.