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Le Maroc interdit la fabrication et la vente de la burqa, le voile islamique intégral

le Quotidien du Peuple en ligne | 13.01.2017 08h59

Selon des rapports des médias locaux, le Maroc a interdit la burqa, le voile intégral porté par certaines femmes musulmanes conservatrices. Bien que le gouvernement n'ait pas confirmé l'interdiction, la presse a rapporté que les vendeurs et marchands s'étaient vus notifier dès lundi par des représentants du Ministère de l'intérieur qu'ils ne seraient plus autorisés à vendre ou fabriquer ce vêtement religieux en raison de problèmes liés à la sécurité. Ils ont dit qu'ils avoir reçu un délai de 48 heures pour s'exécuter, mais on ne sait toujours pas à quelle date la nouvelle règle est censée prendre effet.

Le Maroc, pays à majorité musulmane et ancien protectorat français où l'influence des idéaux laïques occidentaux persiste, a essayé de favoriser les expressions les plus modérées de l'Islam et a subtilement averti les islamistes de ne pas aller trop loin, quand bien même les actes d'extrémisme restent rares. Le gouvernement du Roi Mohammed VI -qui porte lui-même le titre de Commandeur des croyants, autrement dit de descendant du prophète Mahomet- pourrait avoir conçu cette interdiction comme une façon de faire passer le message.

Relativement peu de femmes marocaines portent la burqa, qui est beaucoup plus fréquente dans les sociétés musulmanes conservatrices comme l'Afghanistan et le Pakistan et considérée comme étrangère aux traditions marocaines, mais beaucoup portent des robes traditionnelles et des foulards sur la tête. En tout cas, en ciblant les personnes qui vendent et produisent les burqas, il y a moins de risque d'un tollé général, comme celui qu'a connu la France l'été dernier après que le gouvernement ait interdit le burkini, un maillot de bain recouvrant complètement le corps, apprécié de certaines femmes musulmanes.

Le360, un site de nouvelles proche du Ministère marocain de l'intérieur, a cité un responsable du ministère non identifié qui a confirmé l'interdiction de la vente du vêtement, qui est souvent bleu et couvre la tête. Le fonctionnaire n'a néanmoins pas confirmé si l'interdiction sera étendue au port de la burqa. De son côté, le Ministère de l'intérieur n'a pas répondu aux demandes de commentaires et n'a pas encore publié une déclaration officielle sur les spécificités de l'interdiction, et on ne sait pas davantage quel genre de voile intégral religieux est spécifiquement ciblé. Les autorités religieuses officielles du Maroc n'ont pas non plus pris position sur la question.

L'interdiction a suscité un vif débat entre les Marocains qui considèrent cette décision comme une répression de la liberté religieuse des femmes et ceux qui l'applaudissent comme une libération pour les femmes. « Je suis contre la culture de l'interdiction en principe », a déclaré sur sa page Facebook Ali Anouzla, journaliste marocain. « Mais juste pour être clair, le Ministère de l'intérieur n'a pas interdit le hijab ou le niqab, mais a interdit la burqa, et la burqa ne fait pas partie de la culture du Maroc ». Pour Stephanie Willman Bordat, associée fondatrice de Mobilising for Rights Associates, une organisation non gouvernementale basée à Maroc, de nombreux Marocains voient la burqa afghane ou sa variante saoudienne le niqab, sont comme une importation néocoloniale des États du Golfe étrangère aux traditions religieuses du royaume chérifien. 

(Rédacteurs :Guangqi CUI, Wei SHAN)
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