Dernière mise à jour à 08h54 le 22/01
L'avenir des "Rêveurs" mexicains, immigrants aux Etats-Unis pouvant accéder à la citoyenneté américaine, est incertain car le nouveau président américain Donald Trump pourrait bien annuler un ordre exécutif qui leur permet de rester aux Etats-Unis depuis 2012.
"Si cette nouvelle administration annule ce programme, ce sera comme repartir de zéro, avoir peur des déportations et de perdre tout ce que l'on a construit", a déclaré Mauro Trejo, étudiant de 23 ans qui vit à New York, après avoir quitté Mexico quand il était enfant.
La politique d'immigration américaine DACA (Action différée pour les arrivées d'enfants), signée par le président Barack Obama en 2012, suspend les déportations et permet à des milliers de jeunes immigrants de travailler temporairement. Rapidement, on leur a attribué le surnom de "Rêveurs".
Washington n'a pas communiqué le nombre exacte de personnes bénéficiant de la DACA, mais le gouvernement mexicain estime à environ 560.000 le nombre de ses citoyens concernés. Ces personnes sont arrivées aux Etats-Unis alors qu'elles étaient enfants, elle sont en général étudiants et n'ont commis aucun crime grave.
Désormais, avec M. Trump au pouvoir, plus de la moitié d'un million de jeunes, qui dans certains cas n'ont pas beaucoup de liens avec le Mexique, ne savent pas ce que l'avenir leur réserve.
Au cours de sa campagne, Donald Trump avait annoncé qu'il annulerait beaucoup d'ordres exécutifs que M. Obama avait signés en matière d'immigration, sans mentionné spécifiquement les Rêveurs.
"Si la DACA est annulée, je ne sais pas ce que je ferai concernant ma carrière ou mon avenir", a indiqué Yahaira Morales, étudiante de 20 ans au Texas, originaire du Mexique, à Xinhua. "Je me considère comme étant Américaine même si je n'ai pas de papiers. Je ne peux imaginer ma vie en dehors des Etats-Unis".
Mauro, étudiant en criminologie à New York, se trouve dans la même situation. Il travaille au bureau de l'Université de la ville de New York (CUNY) pour orienter les étudiants latinos.
"J'ai des collègues et des amis qui ne bénéficient pas de la DACA et je peux vous dire qu'en bénéficier change votre vie. Grâce à cela, on a plus peur d'être déporté", a-t-il expliqué.
Le directeur intérimaire de l'Institut des études mexicaines de la CUNY, José Higuera, a déclaré à Xinhua que Donald Trump devrait faire la lumière sur sa position concernant la DACA et mettre fin à ce suspens.
Selon lui, cette situation affecte négativement la vie étudiante et professionnelle des Rêveurs, qui font partie des 5,8 millions d'immigrants sans papier sur le sol américain.
"Si dès le départ, il dit "cela prend fin le 20 janvier", nous saurons comment répondre à cette réalité. Mais il continue de proférer des menaces...et de revenir dessus", a souligné M. Higuera.
La présidente du College of Mexico, Silvia Giorguli, a expliqué que la potentielle déportation des Rêveurs impliquera que le pays devra intégrer des milliers de jeunes gens qui ne sont mexicains que de naissance.
Cela signifiera que les autorités devront améliorer les conditions d'emploi et faire en sorte que la société les accepte sans réserve.
"Nous devrions changer le discours pour dire que ce n'est pas un problème, c'est une ressource dont nous devons tirer profit", a-t-elle expliqué.
Yahaira, quant à elle, a autant peur de sa potentielle vie au Mexique que de l'annulation de la DACA. "Quelle sera ma prochaine étape? Quel sera mon rôle dans la communauté, dans ma nouvelle communauté que je ne connais pas vraiment?", s'interroge-t-elle.