Dernière mise à jour à 08h29 le 25/01
Le Président Trump est allé à l'encontre de la politique commerciale traditionnelle et bipartite de l'Amérique lundi en abandonnant formellement l'ambitieux Partenariat trans-pacifique de 12 nations négocié par son prédécesseur et en déclarant la fin de l'ère des accords commerciaux multinationaux qui a défini l'économie mondiale pendant des décennies. D'un simple trait de stylo donné dès son premier jour de travail dans le Bureau Ovale, Donald Trump a ainsi signalé qu'il avait l'intention de tenir sa promesse d'adopter une position plus agressive face aux concurrents étrangers dans le cadre de son approche « America First ». Ce faisant, il a démontré qu'il ne suivrait pas les anciennes règles, s' écartant ainsi de l'orthodoxie républicaine de longue date, qui voulait que l'expansion du commerce mondial était bonne pour le monde et l'Amérique, et que les États-Unis devaient contribuer à rédiger les règles du commerce international.
Bien que le Partenariat trans-pacifique n'ait pas été approuvé par le Congrès, la décision de Donald Trump de se retirer a non seulement condamné les réalisations commerciales de l'ancien président Barack Obama, mais aura également de vastes implications géopolitiques dans une région à la croissance rapide. L'accord, qui devait connecter une douzaine de pays du Canada et du Chili à l'Australie et au Japon dans un ensemble complexe de règles commerciales, avait été vanté comme un moyen de lier durablement les États-Unis à l'Asie de l'Est et de créer un rempart économique contre une Chine en pleine expansion. Au lieu de cela, Donald Trump a déclaré que les travailleurs américains seraient protégés contre la concurrence des pays à bas salaires comme le Vietnam et la Malaisie, également parties à l'accord.
Mais certains, dans ces deux pays, craignent que la Chine ne profite de l'aubaine pour combler le vide économique avec ce repli de l'Amérique sur elle-même, et n'étende son influence en Asie et au-delà. Lorsqu'il a annoncé sa décision lundi à la Maison Blanche lors d'une réunion des dirigeants syndicaux, ceux-ci ont éclaté en applaudissements. « Nous allons mettre fin aux ridicules accords commerciaux qui ont fait sortir tout le monde de notre pays et fait partir des entreprises de notre pays, et cela va être inversé », a déclaré M. Trump, ajoutant que désormais les États-Unis signeraient des accords commerciaux uniquement avec des alliés individuels. « Je pense que vous allez avoir beaucoup d'entreprises revenir dans notre pays », a-t-il ajouté. Donald Trump pourrait aussi agir rapidement pour renégocier l'Accord de libre-échange Nord-américain (Nafta). Il prévoit déjà des rencontres avec les dirigeants du Canada et du Mexique, les deux principaux partenaires de ce pacte, négocié par le président George Bush et soutenu devant le Congrès par le Président Bill Clinton. Si le Nafta a été un des principaux moteurs du commerce américain depuis près de deux décennies, il a longtemps été clivant, certains lui reprochant des emplois perdus et des salaires plus bas.
Mais les défenseurs du libre-échange ont déclaré qu'en annulant le Partenariat trans-pacifique, Donald Trump abandonne un accord qui avait déjà renégocié le Nafta en vertu de règles plus modernes régissant la propriété intellectuelle, l'accès à l'Internet et l'agriculture, puisque le Mexique et le Canada en étaient signataires. Il met également à mal la stratégie de recentrage en Asie de Barack Obama et, selon les critiques, laisse le champ libre à la Chine, qui ne faisait pas partie de l'accord. « Il ne fait aucun doute que cette action sera considérée comme une immense victoire pour la Chine », a déclaré dans une interview Michael B. Froman, le représentant commercial qui a négocié le pacte pour Barack Obama.
La décision du Président Trump est également un coup dur pour le Japon, où le Premier ministre Shinzo Abe a dépensé un capital politique considérable pour faire adopter l'accord par le Parlement, qui l'a ratifié vendredi. Quelques heures seulement avant que M. Trump n'y mette fin, Shinzo Abe avait par ailleurs déclaré au Parlement que Tokyo ferait pression sur le nouveau gouvernement américain au sujet des mérites de l'accord. Le Japon avait été le dernier pays à adhérer au Partenariat, qui aurait donné à ses fabricants un accès libre de droits aux marchés d'exportation aux États-Unis et dans d'autres pays asiatiques, mais aurait mis ses constructeurs en concurrence avec des pays à bas salaires comme le Mexique.