Dernière mise à jour à 08h45 le 06/04
A l'issue d'un débat en session plénière à Strasbourg, les eurodéputés ont voté mercredi, à une très large majorité, une résolution fixant les principes et les conditions du Parlement européen concernant le Brexit. Ils refusent tout accord sur la future relation avec le Royaume-Uni avant que Londres se soit retiré de l'Union européenne.
Par 516 voix pour, 133 contre, le Parlement européen (PE) a adopté un texte fixant plusieurs "lignes rouges" pour les négociations qui ont officiellement débuté, le 29 mars, avec le déclenchement de l'article 50 par Londres, plus de neuf mois après la tenue du référendum sur le Brexit.
Tout accord de retrait devra être approuvé par le PE.
Dans leur résolution, les eurodéputés insistent pour que les termes du divorce soient fixés avant qu'un nouvel accord déterminant les relations entre le Royaume-Uni et l'UE soit conclu. "Plus tôt nous nous mettrons d'accord sur les principes d'un retrait ordonné, plus tôt nous pourrons préparer nos futures relations", a plaidé le négociateur en chef de l'UE pour le Brexit, Michel Barnier, au début du débat.
La Première ministre britannique Theresa May avait au contraire indiqué mercredi dernier dans sa lettre de déclenchement formel de la procédure du Brexit qu'elle souhaitait des négociations menées en parallèle sur la sortie de l'UE et sur la "relation future", notamment commerciale.
Le texte voté mercredi par le PE souligne que Londres devra respecter tous les engagements financiers que le Royaume-Uni a contractés comme Etat-membre, une facture qui pourrait s'établir entre 55 et 60 milliards d'euros.
"Nous ne chercherons jamais à punir le Royaume-Uni, nous lui demanderons simplement de payer ce à quoi il s'est engagé en tant qu'Etat-membre, nous devons simplement solder ses comptes, ni plus ni moins", a déclaré Michel Barnier, répondant aux accusations du député britannique europhobe Nigel Farage qui n'a pas hésité à évoquer une "demande de rançon" et à qualifier l'UE de "mafia" et ses membres de "gangsters".
La résolution du PE prévoit que des discussions sur des "dispositions transitoires" pourront commencer pendant la période de deux ans prévue pour les négociations si "des progrès tangibles" sont réalisés en direction d'un accord de retrait.
Plusieurs eurodéputés ont averti qu'une "approche à la carte" était inenvisageable et l'appartenance au marché unique possible seulement en échange de la libre circulation des biens, des capitaux, des services et des personnes.
Ils mettent en garde le Royaume-Uni contre toute tentative de limiter les droits relatifs à la liberté de circulation avant la date de retrait et relèvent que si Londres négociait des accords commerciaux avec des pays tiers avant de quitter l'UE, cela représenterait une violation du droit européen.
La résolution appelle également à protéger les droits des trois millions de ressortissants européens qui résident au Royaume-Uni et du million de Britanniques qui habitent dans des pays de l'UE.
Les intérêts des citoyens doivent être la priorité dès le début, affirme le texte qui souligne que les citoyens irlandais "seront particulièrement affectés". Les eurodéputés exhortent toutes les parties à rester engagées dans le processus de paix en Irlande du Nord et à éviter la mise en place d'une frontière physique.
Lors du débat en plénière, la majorité des dirigeants des groupes politiques ont appelé de leurs vœux des négociations sereines. Nombreux ont plaidé pour l'UE des 27 reste unie et défende avec force ses propres intérêts, espérant que le Brexit serve de catalyseur à l'UE.
Les dirigeants du groupe Europe de la liberté et de la démocratie directe et du groupe Europe des Nations et des Libertés se sont au contraire réjouis du lancement de la procédure de retrait.