France : la spectaculaire progression de Mélenchon dans les sondages

A deux semaines du premier tour de l'élection présidentielle française, le candidat de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, crée la surprise en surclassant dans les sondages le candidat socialiste Benoît Hamon et le candidat de la droite François Fillon.

Un sondage KANTAR Sofres-Onepoint réalisé pour LCI, RTL et Le Figaro et publié dimanche dernier annonçait déjà M. Mélenchon en troisième position avec 18% (+6) des intentions de vote contre 17% pour François Fillon.

Une dynamique confirmée mardi par une enquête IFOP Fiducial réalisée pour Paris Match et Sud Radio, qui place également en troisième position le candidat de la France insoumise, avec 19% des intentions de vote (+7 point), derrière Emmanuel Macron (23%) et Marine Le Pen à (24%, -2,5) et devant François Fillon, stable à 18,5%.

De la cinquième position, Jean-Luc Mélenchon a ainsi bousculé ses concurrents pour occuper la troisième place devant François Fillon victime de ses ennuis judiciaires et Benoît Hamon affaibli par le départ de socialistes "réformateurs" vers Emmanuel Macron.

La dynamique Mélenchon s'explique aussi et surtout par son projet politique axé sur le partage des richesses et la justice sociale ou encore sa personnalité qui ont permis de convaincre les indécis et les abstentionnistes, selon certains observateurs de scène politique française.

Sylvain Courage, rédacteur en chef de l'hebdomadaire L'Obs, explique cette dynamique par le programme très à gauche de M. Mélenchon. "C'est son projet à la fois social et économique", que sont la "justice sociale, la relance économique traditionnelle qui est un investissement fort de l'Etat auquel il est très attaché et son projet écologique", a-t-il estimé sur BFMTV.

Jean-Luc Mélenchon a d'ailleurs été jugé le plus convaincant lors du premier débat télévisé entre les 11 candidats à la présidentielle, selon un sondage Elabe avec 25% devant Emmanuel Macron (21%), François Fillon (15%), Marine Le Pen (11%) et Benoît Hamon (9%).

Outre son programme, il y a, selon M. Courage, les éléments liés à la personne de Mélenchon. "Il a fait un travail sur lui-même. Mélenchon ne rime plus avec ronchon, c'est devenu une figure plus sereine, moins agressive, et (qui) agit intelligemment sur sa personne, son programme, sa mise en scène, notamment à travers l'utilisation des réseaux sociaux", a-t-il indiqué.

Le candidat de la France insoumise capte ainsi de nouveaux électeurs que sont principalement l'électorat de gauche, mais aussi et surtout les abstentionnistes. Selon Céline Bracq, directrice générale de l'institut Odoxa, il s'agit d'une part "du transfert de militants de Benoît Hamon à Jean-Luc Mélenchon, et d'autre part une partie des Français qui hésitaient à voter et s'abstenaient".

Citant une enquête à paraître, la directrice d'Odoxa indique que sur le pouvoir d'achat, les Français (classes moyennes et classes moyennes supérieures) ont le sentiment que parmi tous les candidats, c'est Jean-Luc Mélenchon qui va mieux défendre leur propre situation.

Face à cette dynamique qui se cristallise autour de leur candidat, soutiens et militants du Front de gauche n'excluent plus la possibilité d'une qualification au second tour du scrutin le 23 avril.

"C'est une bonne surprise. Aujourd'hui, nous pouvons croire à la victoire, que Jean-Luc Mélenchon réussisse à franchir le second (tour). Il suscite l'enthousiasme parce qu'il incarne dans le pays une forme de proposition", explique Clémentine Autain, conseillère Front de gauche, tout en expliquant cette montée dans les sondages par le projet de justice sociale et de partage de richesses que porte son candidat.

Pour Pierre Laurent du Parti communiste, soutien de Mélenchon, "cette dynamique va s'amplifier" car "Jean-Luc Mélencho