Dernière mise à jour à 14h56 le 04/05
Les deux finalistes de l' élection présidentielle française se sont livrés mercredi soir à de vifs échanges lors du débat télévisé de l'entre-deux-tour. Politique étrangère (Etats-Unis, Russie), l'Europe, lutte contre le terrorisme etc, tout oppose Emmanuel Macron et Marine Le Pen.
Les questions internationales figurent parmi les thèmes abordés par les deux finalistes de la présidentielle. Le candidat d' En marche ! Emmanuel Macron veut ainsi adopter dans le cadre de la politique étrangère, notamment avec les Etats-Unis et la Russie, une ligne "gaullo-mitterandienne", synonyme de l' indépendance de la France.
Et la priorité dans le cadre de cette politique sera la lutte contre le terrorisme, a-t-indiqué. "Je proposerai sur ce plan, à M. Trump de continuer à travailler avec les Etats-Unis qui sont nos partenaires en terme de renseignement mais aussi autour de la table du Conseil de sécurité des Nations unies", a déclaré M. Macron.
La Russie aussi sera un partenaire de travail, a rassuré Macron, soulignant toutefois qu' en aucun cas il ne sera "soumis à son diktat" parce que "ayant conscience que nous n'avons pas les mêmes valeurs et pas les mêmes priorités". Au plan économique, le candidat a plaidé en faveur d' un marché européen "fort et intégré" pour dit-il " être crédible face aux Etats-Unis".
Pour Marine Le Pen, la France ne sera respectée que si elle reste la France, "avec cette voix particulière qu' elle a perdu parce qu' elle était soumise à l'Allemagne, à la politique américaine". Elle doit donc retrouver son indépendance en refusant de se soumettre à la vision impérialiste des uns ou des autres, a-t-elle insisté.
Sur les relations entre la France, les Etats-Unis et la Russie, la candidate du FN , contrairement à M. Macron, estime qu' il faut être à équidistance de ces deux partenaires."Nous avons toutes les raisons d'engager avec la Russie des relations stratégiques, diplomatiques, commerciales parce que c' est une grande Nation. Et je suis la mieux placé pour parler à la Russie, les Etats-Unis ou la Grande Bretagne", a indiqué Mme Le Pen.
L'Europe est un autre sujet de divergence entre les deux candidats. Pour Marine Le pen, l'Union européenne doit laisser sa place à une Alliance européenne qui permettra "la maîtrise des frontières de la monnaie. " L'euro, c' est la monnaie des banquiers, ce n' est pas la monnaie du peuple, et c'est la raison pour laquelle il faut que l'on arrive à
s'arracher à cette monnaie", a-t-elle défendu.
Et pour se protéger de la concurrence, Marine Le pen propose dans le cadre de l'Alliance européenne, des lois nationales qui seront supérieures aux directives européennes.
"Il est essentiel de nous protéger face à la concurrence déloyale, face au dumping social et monétaire, du protectionnisme intelligent. Nous aurons aussi la maîtrise de notre politique commerciale", a expliqué la candidate, accusant son adversaire de défenseur des accords de libre-échange.
Emmanuel Macron a dénoncé vigoureusement cette décision de Mme Le pen qui aura selon lui des conséquences néfastes pour le pays. "Je suis contre tout ce qu'a dit Mme Le Pen. Sortir de l'Euro est un projet mortifère. Ce que je veux c'est protéger l'épargne de nos concitoyens car je ne veux pas d' un comportement de panique. Or, le contrôle des capitaux sera la panique bancaire", a-t-il prévenu.
Selon le candidat d' En marche ! l' euro protège et évite la déstabilisation monétaire. Il a plaidé en faveur d' une Europe qui protège davantage avec des marchés européens qui sont réservés à au moins 50% des entreprises européennes."Ce qui est fait en France a besoin de l'Europe. Nous perdrons de la compétitivité avec vos propositions. Je suis le candidat d'une France forte dans une Europe qui protège", a dit M. Macron.
Sur le plan sécuritaire, l'ancien ministre de l'économie veut faire de la lutte contre le terrorisme sa priorité e renforçant les moyens de la police et faire plus dans la prévision des attentats en renforçant le renseignement. "La clef c'est de repérer les menaces (...) nous avons donc besoin d' une plus grande coopération entre les Etats membres de l'UE pour le contrôle des potentiels terroristes qui circulent d' un territoire à l' autre" a dit M. Macron.
Pour Mme Le pen Emmanuel Macron n' a pas de projet pour lutter contre le terrorisme et, l' accuse de complaisance sur l'islamisme radicale. Selon elle la lutte contre les terroristes passera par la maitrise des frontières, l' expulsion de tous les fichiers S étrangers et l' établissement de la déchéance de nationalité.
Les deux candidats ont également multiplié des attaques lors de ce face à face, chacun se montrant radicalement différent de l' autre. C' est par exemple le cas, lorsque Mme Le pen provoque son adversaire : "J' espère qu' on n' apprendra pas que vous avez des comptes off-shore", raille-t-elle. "Je n' en ai pas, mais vous on sait que vous avez un patrimoine qui est sous-évalué et que vous êtes sous le coup d' une procédure judiciaire. Ce n' est pas mon cas. C' est la grande différence qu' il y a entre vous et moi", a répondu M. Macron.
"Il y a autre chose qui nous différencie, rajoute le candidat d' En marche !, c' est que demain, l' un ou l' autre d' entre nous devra être le garant de nos institutions. Vous avez menacé les fonctionnaires, vous dites en permanence du mal des juges. Vous n' êtes pas par ces propos, digne d' être garant demain des institutions".
Des attaques auxquelles Marine Le Pen a vite répliqué, accusant à son tour M. Macron d' être le "candidat à plat ventre". "Votre problème à vous c'est que vous êtes en conflit d'intérêt permanent, et moi je serai la meilleure garant des institutions parce que je les connais bien (...) Soumettez-vous, vous êtes à plat vendre en permanence devant l' Allemagne, le syndicat de la magistrature, les communautaristes, les puissances d' argent".