Dernière mise à jour à 08h36 le 12/05
A huit jours de la fin du dépôt légal des candidatures, la liste tant attendue, dévoilée jeudi, de celles et ceux qui porteront les couleurs de La République en marche (LRM) aux élections législatives de juin, reste partielle et reflète la tâche ardue du nouveau président Emmanuel Macron pour, dans le même temps, tenir sa promesse de renouvellement de la classe politique et s'assurer une majorité de gouvernement.
Le suspense n'est pas fini. Après la victoire d'Emmanuel Macron, dimanche, la présentation, jeudi, de la liste des candidats de son mouvement En Marche (rebaptisé la République en marche/LRM) en vue des législatives, était attendu dans l'Hexagone, comme l'acte 2 d'une aventure politique hors du commun qui a propulsé un ancien banquier d'affaires de 39 ans, sans parti, à la tête de l'Etat français.
Les observateurs politiques sont cependant quelque peu restés sur leur faim à l'issue de la conférence de presse du secrétaire général du mouvement Richard Ferrand. A huit jours de la fin du dépôt légal des candidatures, LRM n'a finalement dévoilé que 428 noms alors que le scrutin comporte 577 circonscriptions. De là à en conclure à une forme de temporisation, il n'y a qu'un cas que d'aucun n'ont pas hésité à franchir.
Avec 214 hommes et 214 femmes, la parité hommes-femmes est strictement respectée; 52% des personnes investies sont issues de la société civile; 95% d'entre elles ne sont pas des députés sortants, a plaidé Richard Ferrand. "La moyenne d'âge est de 46 ans contre 60 ans en moyenne pour les députés siégeant actuellement"; "seuls 5% sont des députés sortants", a-t-il insisté.
Quant au sort des 148 autres circonscriptions non pourvues, M. Ferrand a expliqué que le parti du Président Macron souhaitait que "puisse être maintenu vivant un espace permettant la recomposition du paysage politique français". Une manière de laisser la porte ouverte aux parlementaires de gauche comme de droite qui pourraient trouver leur place dans le projet du successeur de François Hollande.
Parmi les 428 candidats investis, on relève par ailleurs la présence de personnalités, issues, ou non, du monde de la politique. La célèbre torera Marie Sara, dans la 2e circonscription du Var (Provence Alpes Côte d'Azur/PACA) sera ainsi opposé à l'avocat Gilbert Collard, figure du Front national de Marine Le Pen.
Gaspard Gantzer, chargé de la communication de François Hollande à l'Elysée, ancien camarade de promotion de l'ENA d'Emmanuel Macron, est investi dans la 2e circonscription d'Ille-et-Vilaine.
Le mathématicien Cédric Villani se présente dans la 5e circonscription de l'Essonne (Ile de France); Eric Halphen, juge bien connu dans l'Hexagone, dans la 2e circonscription du Calvados (Normandie) ; Laurence Vichnievsky, célèbre magistrate, dans la 3e circonscription du Puy-de-Dôme (Auvergne-Rhône Alpes); Jean Viard, sociologue, dans la 5e circonscription du Vaucluse (PACA) ; Jean-Michel Fauvergue, ancien patron du Raid (unité d'élite de la police française) dans la 8e circonscription de Seine-et-Marne (Ile de France).
Parmi les candidats investis on trouve également des proches d'Emmanuel Macron : Benjamin Griveaux, qui fut son porte-parole d'En marche !, candidat dans la 5e circonscription de Paris ; Sacha Houlié, délégué national d' En marche !, candidat dans la 2e de la Vienne (Nouvelle Aquitaine) ; Mounir Mahjoubi, responsable de la campagne numérique, qui affrontera dans la 16e circonscription de Paris le patron du PS, Jean-Christophe Cambadélis.
Mais les analystes politiques de l'Hexagone relèvent surtout, qu'à l'instar de la position adoptée face à l'encombrante candidature de l'ancien Premier ministre socialiste Manuel Valls, à qui, sans lui accorder l'investiture, il laisse le champ libre dans l'Essonne, Emmanuel Macron donne l'impression de ménager les barons de droite et de gauche en n'investissant aucun candidat La République En marche! pour les législatives dans quelque 150 circonscriptions.
"Aucun candidat ne peut être investi s'il a déjà fait trois mandats de parlementaire", a justifié, au sujet de Manuel Valls, le secrétaire général Richard Ferrand devant la presse. "Mais nous ne voulons pas donner l'impression d'humilier, de rejeter, d' être dans une vindicte. A ce stade nous n'investissons pas l'intéressé mais nous ne lui opposons pas de candidat", a-t-il précisé, en refusant toutefois de "faire de ce cas une règle".
Force est de constater que les poids lourds de l'actuel gouvernement n'ont pour l'heure pas d'adversaire désigné sous les couleurs de La République En Marche! Idem pour des ténors de la droite comme Nathalie Kosciusko-Morizet, Bruno Le Maire, tous deux candidats à la primaire de la droite.
Richard Ferrand a par ailleurs refusé de donner le nombre de circonscriptions dévolues au parti du MoDem du centriste François Bayrou avec qui Emmanuel Macron a passé un accord avant le premier tour de l'élection présidentielle.
Le secrétaire général de La République En Marche! a d'autre part affirmé les candidats étaient "issus de l'ensemble du spectre politique républicain" mais certains s'étonnent de ne voir figurer jusqu'ici qu'une majorité de candidats issus du parti socialiste.
Parmi les 428 candidats dévoilés jeudi, aucun rallié ni vient en effet des rangs de la droite Les Républicains qui, bien que déchirée par l'humiliante défaite de son candidat François Fillon, affiche globalement jusqu'ici un front commun dans l'espoir de se prendre sa revanche aux législatives.
Mais le choix du Premier ministre pourrait bien changer la donne.