Dernière mise à jour à 08h37 le 31/05
L'ancien Premier ministre français Edouard Balladur a été mis en examen lundi par la commission d'instruction de la Cour de justice de la République (CJR) dans une affaire vieille de plus de 20 ans concernant le financement de sa campagne présidentielle en 1995, révèle l'hebdomadaire Le Canard Enchaîné dans son édition à paraître mercredi.
L'ancien Premier ministre (1993-1995), aujourd'hui âgé de 88 ans, est soupçonné d'avoir touché des rétrocommissions sur des contrats d'armement. Entendu lundi par la commission d'instruction de la CJR, il a été mis en examen pour "complicité d'abus de biens sociaux et recel", affirme Le Canard Enchaîné dans son édition à paraître mercredi. Cette information a été confirmée par les agences de presse Reuters et AFP qui citent des sources judiciaires, et étayée par des médias français.
Dans un communiqué, Édouard Balladur a annoncé avoir "demandé à ses avocats de contester cette décision devant la Cour de cassation". "La décision de la commission d'instruction ne tire aucune conséquence de la validation du compte de campagne par le Conseil constitutionnel en octobre 1995, non plus que de l'ancienneté des faits, vieux de vingt-trois ans", considère l'ancien rival de Jacques Chirac.
L'enquête sur l'attentat de Karachi qui, en 2002, a coûté la vie à 15 personnes dont 11 ouvriers français de la Direction des Constructions Navales, avait conduit les juges sur la piste d'un financement occulte présumé, dont aurait bénéficié Edouard Balladur, alors candidat à la présidentielle de 1995, en marge de la signature d'un contrat d'armement avec le Pakistan en 1994.
En juin 2014, les juges ont renvoyé en correctionnelle plusieurs protagonistes de cette affaire dont Renaud Donnedieu de Vabres, conseiller spécial au cabinet du ministre de la Défense d'Edouard Balladur, Nicolas Bazire, qui fut son directeur de cabinet, Dominique Castellan, ancien PDG de la Direction des Constructions Navales, et le sulfureux homme d'affaires franco-libanais Ziad Takieddine.
La Cour de justice de la République (CJR), seule habilitée à juger des ministres pour des délits commis dans l'exercice de leur fonction, était chargée d'enquêter sur le rôle présumé joué par Edouard Balladur et son ancien ministre de la Défense François Léotard.
Il s'agit d'établir si la campagne d'Edouard Balladur a été financée par des rétrocommissions illégales sur des contrats de sous-marins vendus au Pakistan et de frégates destinées à l'Arabie Saoudite et si la fin du versement des commissions, ordonné par Jacques Chirac devenu président, est à l'origine de l'attentat de Karachi.