Dernière mise à jour à 09h23 le 19/06
Helmut Kohl, une figure majeure de l'après-guerre qui réunifié l'Allemagne après 45 années d'antagonisme de la guerre froide, qui avait soutenu une vision profondément ancrée de l'intégration européenne et avait même obtenu des éloges de Moscou et de Washington pour sa gestion habile de la chute du mur de Berlin, est mort vendredi dans sa maison de Ludwigshafen, en Allemagne, la ville portuaire du Rhin où il était né. Il avait 87 ans. Apprenant la nouvelle à Rome où elle était, la chancelière Angela Merkel a déclaré que son prédécesseur s'était rendu compte qu'il avait une « chance historique » de surmonter la division vieille de plusieurs décennies de l'Allemagne et avait su la saisir.
Helmut Josef Michael Kohl était né à Ludwigshafen le 3 avril 1930. Il avait seulement 17 ans quand il a rejoint le parti conservateur de l'Union chrétienne-démocrate (CDU) et a été actif au sein du parti dès ses études d'histoire, de droit et gouvernance et de politiques publiques. Élu premier ministre du Land de Rhénanie-Palatinat en 1969 à seulement 39 ans, il fut alors le plus jeune à occuper ce poste. En 1976, la CDU et son parti frère bavarois, l'Union chrétienne-sociale (CSU), le choisirent comme candidat à la chancellerie lors des élections législatives. Il remporta 48,6% des voix, mais ce ne fut pas suffisant pour empêcher les sociaux-démocrates d'Helmut Schmidt (SPD) de rester au pouvoir dans une coalition avec le Parti libéral démocrate (FDP), pro-marché libre. Il lui fallut six ans de plus pour finalement atteindre son but, le 1er octobre 1982. Le chef de l'opposition, qui avait aussi le plus grand nombre de sièges au parlement allemand, fut alors élu en tant que chancelier.
Ce fut un vote de défiance contre le chancelier social-démocrate Helmut Schmidt qui mit Helmut Kohl au pouvoir, après avoir réussi à convaincre le chef du SPD Hans-Dietrich Genscher de rompre avec M. Schmidt. Helmut Kohl forma sa propre alliance avec le FDP et devint le chef du gouvernement. Il y eut un mécontentement considérable envers le gouvernement Kohl au cours de ses premières années au pouvoir, car il acquit la réputation de ne pas résoudre les problèmes nationaux, mais seulement de « les évacuer. » Il répondit aux critiques en remaniant à plusieurs reprises son gouvernement. Si un jour il compara aussi le secrétaire du Parti communiste soviétique d'alors, Mikhaïl Gorbatchev, au ministre de la propagande nazie Joseph Goebbels, ce qui fit grand bruit, ce fut tout de même la politique de glasnost et de perestroïka du dirigeant soviétique qui devait bénéficier le plus à Helmut Kohl. En juin 1989, il accueillit le dirigeant soviétique à Bonn. A ce moment-là la chute du mur de Berlin était imminente et elle arriva juste quelques mois plus tard. Helmut Kohl le salua en lui disant « Beaucoup de gens mettent leurs espoirs dans votre visite ici - les gens de là-bas dans votre pays, et ici dans le nôtre ».
La situation progressa beaucoup plus vite que prévu, et lorsque le mur tomba, Helmut Kohl fut pris au dépourvu. Il était en voyage en Pologne où les citoyens d'Allemagne de l'Est prirent d'assaut la frontière allemande et passèrent sans que les garde-frontières ne les en empêchent. Ce soir-là, ce furent plutôt les mots du président ouest-allemand, Richard von Weizsäcker, que les gens entendirent. Helmut Kohl, cependant, saisit rapidement l'initiative et lança un plan en 10 points dans le but de réunir les deux États allemands le plus rapidement possible, ce qui fut fait dès octobre 1990, moins d'un an après la chute du mur. Il essaya ensuite de désamorcer les craintes des autres pays au sujet de l'Allemagne réunifiée, qui craignaient qu'elle devienne trop puissante ou trop nationaliste. « Nous, les Allemands avons appris de l'histoire », avait-il répondu à l'époque. « Nous sommes peuple un épris de paix, des gens épris de liberté. Pour nous, l'amour de la patrie, l'amour de la liberté, et l'esprit d'être toujours un bon voisin vont toujours ensemble ». Il avait quitté le pouvoir en 1998 après plusieurs revers électoraux de son parti et connut une fin de carrière moins glorieuse, marquée par des scandales financiers, le suicide de son épouse et de graves ennuis de santé.