Dernière mise à jour à 09h08 le 28/06
Le haut procureur fédéral du Brésil a accusé le 26 juin le Président Michel Temer d'avoir reçu des pots-de-vin de plusieurs millions de dollars. |
Le haut procureur fédéral du Brésil a accusé le 26 juin le Président Michel Temer d'avoir reçu des pots-de-vin de plusieurs millions de dollars, portant un coup sévère au chef de l’État déjà impopulaire mais aussi à la stabilité politique du plus grand pays d'Amérique latine. Rodrigo Janot a soumis les accusations dans un document présenté à la Cour suprême en disant « Il a trompé les citoyens brésiliens » et doit des millions de dollars en compensation à la nation pour avoir accepté des pots-de-vin. En vertu de la loi brésilienne, la chambre basse du Congrès doit maintenant voter sur la question de savoir s'il faut permettre ou non à la cour suprême du Brésil de juger le dirigeant conservateur, qui a remplacé la présidente de gauche Dilma Rousseff, elle-même accusée de corruption il y a un peu plus d'un an.
De leur côté, les parlementaires de la coalition de M. Temer sont confiants dans leur capacité à avoir les votes suffisants pour bloquer la majorité des deux tiers requise pour qu'un procès ait lieu. Mais ils craignent aussi que ce soutien ne diminue si les membres du Congrès étaient forcés de voter plusieurs fois pour protéger M. Temer - dont la popularité s'est réduite à un seul chiffre - du procès. Le bureau du Président et son avocat, Antonio Mariz, ont quant à eux refusé de commenter les accusations. M. Temer a pour sa part déclaré à plusieurs reprises qu'il était innocent de la moindre faute. Des niveaux étonnants de corruption ont été découverts au cours des dernières années, englobant la classe politique et les élites commerciales du Brésil. Une grande partie de cette corruption se concentre sur les entreprises qui paient des milliards de dollars en pots-de-vin à des politiciens et des dirigeants d'entreprises publiques en échange de contrats lucratifs.
Outre le Président Temer et un tiers de son cabinet, quatre anciens présidents et des dizaines de législateurs font actuellement l'objet d'enquêtes ou sont déjà formellement accusés. A ce jour, plus de 90 personnes ont été condamnées. De leur côté, les analystes politiques ont prévenu, bien avant l'accusation lancée par le haut procureur fédéral lundi, que les scandales réduisaient les chances de M. Temer de faire passer des réformes cruciales pour que la plus grande économie d'Amérique latine puisse sortir de la pire récession qu'elle ait connu depuis longtemps. Le Président brésilien a été accusé dans le cadre d'un programme de corruption impliquant le plus grand conditionneur de viande du monde, JBS SA. Les dirigeants de la société ont déclaré dans un témoignage en justice que le Président aurait reçu des pots de vin pour résoudre des problèmes fiscaux, obtenir des prêts des banques publiques et d'autres sujets. Selon le document d'accusation publié lundi, M. Temer se serait préparé à recevoir un total de 38 millions de reais (11,5 millions de dollars US) de la part de JBS au cours des neuf prochains mois.
Il y a deux semaines, le Président brésilien avait déjà échappé de justesse à la justice électorale, bénéficiant d'un non-lieu dans une affaire de financement illégal de campagne qui aurait pu lui coûter son mandat. Indifférent aux accusations, M. Temer a déclaré, faisant référence aux mesures d'austérité que son gouvernement tente de mettre en place pour sortir le pays d'une récession historique, « Il n'y a pas de plan B, il faut continuer à aller de l'avant ». Si jamais il était destitué, ce qui semble en l'état peu probable car il dispose encore de larges appuis au parlement, ce serait le second changement brutal à la tête de l'État en un an, après la destitution controversée de Dilma Rousseff, dont M. Temer fut le vice-président avant qu'elle ne soit écartée du pouvoir pour maquillage des comptes publics.