Dernière mise à jour à 13h25 le 18/09
C'est une véritable révolution, bien pacifique celle-là, qui vient d'avoir lieu en Tunisie : la loi interdisant aux femmes de se marier avec des non musulmans a été abrogée. Une porte-parole du Président Beji Caid Essebsi a fait l'annonce et félicité les femmes pour avoir désormais « la liberté de choisir leur conjoint ».
Jusqu'à présent, un homme non-musulman qui voulait épouser une Tunisienne musulmane devait se convertir à l'islam et déposer un certificat de sa conversion comme preuve. La Tunisie, qui est à 99% musulmane, est considérée comme l'un des pays arabes les plus progressistes en termes de droits des femmes.
Cette nouvelle loi intervient après que le président Essebsi ait encouragé l'abolition du décret de restriction sur les mariages, qui a été mis en place en 1973. Il a déclaré, lors d'un discours prononcé le mois dernier lors des célébrations de la Journée nationale de la femme, que la loi sur le mariage était « un obstacle à la liberté de choix de l'époux ». Cette restriction était également considérée comme une violation de la constitution tunisienne qui a été adoptée en 2014 à la suite de la révolution du Printemps arabe. Des groupes de défense des droits de l'homme en Tunisie avaient également fait campagne pour l'abolition de la loi.
L'abolition est entrée en vigueur immédiatement et les couples sont dès à présent libres d'enregistrer leurs mariages dans les bureaux du gouvernement. Beaucoup de Tunisiens considèrent l'élimination des restrictions au mariage comme une autre étape majeure pour garantir la liberté des femmes dans le pays. Elle fait aussi de la Tunisie le premier pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord à éliminer les obstacles légaux au mariage en dehors de la religion officielle de l'État. Contrairement aux femmes musulmanes, les hommes peuvent eux se marier avec des femmes non musulmanes sans fournir de documents religieux. La Tunisie abrite également deux petites minorités juive et chrétienne.
En juillet, le parlement tunisien avait déjà introduit une nouvelle loi abolissant une disposition qui permettait aux violeurs d'échapper à toute peine s'ils épousaient leur victime. Le pays avait aussi interdit la polygamie dès 1956, ce qui la distinguait des autres nations à majorité musulmane. Cependant, les femmes en Tunisie sont encore confrontées à diverses discriminations, en particulier en matière d'héritage qui donne toujours la priorité aux fils sur les filles. L'Association tunisienne des femmes démocratiques estime ainsi que près de 70% des femmes tunisiennes sont victimes d'abus.