Dernière mise à jour à 09h31 le 26/09
Les Kurdes se sont pressés en nombre dans les bureaux de vote le 25 septembre dans le Nord de l'Irak lors d'un référendum historique sur l'indépendance malgré une vigoureuse opposition du gouvernement central du pays ainsi que des puissances régionales et mondiales. Les cloches des églises ont sonné et les imams ont appelé les Kurdes à sortir et voter sur les haut-parleurs des mosquées tandis que les bureaux de vote s'ouvraient dans la région kurde, une large bande de montagnes, de champs de pétrole et de désert gouvernée comme une enclave semi-autonome depuis des décennies.
Les nouvelles locales ont montré des personnages kurdes éminents ayant voté, affichant avec fierté la marque d'électeur pourpre sur leurs doigts dans ce qu'ils ont qualifié d'obligation nationale de commencer le lent processus de sécession de l’État irakien. Tous les sondages indiquent un vote massif en faveur du « oui », que de nombreux Kurdes considèrent comme l'aboutissement d'une lutte centenaire et sanglante pour l'autodétermination. Les autorités kurdes ont déclaré que 3,9 millions de personnes pouvaient prétendre voter, et selon Rudaw TV, basée à Irbil, la participation a atteint au moins 76% avec de longues queues dans des bureaux de vote.
Les résultats pourraient être attendus dans les 72 heures suivant la clôture des bureaux le 25 septembre à 18 h heure locale. Mais il y a des craintes que ce vote ne déclenche une autre cascade imprévisible et déstabilisante dans toute la région. La Turquie et l'Iran voisins craignent en effet que la sécession du Kurdistan irakien puisse encourager leurs propres minorités kurdes, et notamment une faction séparatiste qui combat les forces turques depuis les années 80. Les États-Unis, traditionnellement un allié fort des Kurdes irakiens, ont quant à eux déclaré que le moment de ce référendum menace la lutte contre l'Etat islamique. Les responsables américains craignent également que le mouvement kurde affaiblisse le Premier ministre irakien Haider al-Abadi avant les élections nationales de l'année prochaine, tout en renforçant les forces politiques sectaires.
Pour sa part, M. Abadi a essayé jusqu'à la dernière minute de bloquer le vote, et les dirigeants irakiens ont prévenu pour qu'ils ne reconnaissent pas le résultat, au risque de déclencher un conflit politique potentiel. Mais les Kurdes d'Irak semblent vouloir envoyer un message puissant en tant que force politique distincte avec une culture, une langue et une histoire, plus que comme une séparation immédiate d'avec l'Irak.