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Attentats de Paris: Le procès de Jawad Bendaoud, le "logeur" des terroristes, s'est ouvert mercredi

Xinhua | 25.01.2018 09h18

Le procès de Jawad Bendaoud, le "logeur" d'Abdelhamid Abaaoud et de son complice Chakib Akrouh, lors des attentats du 13 novembre 2015 qui ont fait 130 morts, s'est ouvert mercredi après-midi devant le tribunal correctionnel de Paris. Il y comparait pour "recel de malfaiteurs terroristes" et encourt six ans de prison. C'est le premier procès lié aux attentats de Paris. Deux autres hommes, Mohamed Soumah et Youssef Aït Boulahcen, soupçonnés d'avoir eu connaissance ou contribué à la cavale des terroristes, sont également dans le box des accusés.

C'est un procès hors-norme et très médiatique qui a débuté mercredi après-midi devant la 16e chambre du tribunal correctionnel de Paris. Parmi les trois prévenus, Jawad Bendaoud cristallise l'attention de l'Hexagone. Le jeune homme de 31 ans, qui comparait pour "recel de malfaiteurs terroristes", a été surnommé tout simplement "Jawad" ou encore "le logeur de Daech" (acronyme arabe du groupe État islamique) suite à une interview qu'il a donnée le 18 novembre 2015 alors que le RAID - l'unité d'intervention de la police nationale - donnait l'assaut à Saint-Denis.

Devant la caméra de BFMTV, il avait déclaré: "J'ai appris que c'était chez moi, j'étais pas au courant que c'était des terroristes. On m'a demandé de rendre service, j'ai rendu service". Cette vidéo a été parodiée de multiples façons avant de devenir virale et tourner en boucle sur Internet, faisant de Jawad Bendaoud la risée du pays. "C'est celui dont on a ri après avoir trop pleuré", a résumé l'un de ses avocats, Xavier Nogueras.

Dans le box des accusés se trouvent un des proches de Jawad Bendaoud, Mohamed Soumah, et Youssef Aïtboulahcen qui vont être jugés respectivement pour "recel de malfaiteurs terroristes" et "non dénonciation de crime terroriste".

Le procès, prévu pour durer jusqu'au 14 février, rassemble plus de 80 avocats et au moins 500 parties civiles, dont des victimes des attaques du 13 novembre 2015, venues en nombre au palais de justice, des dizaines de journalistes... La 16e chambre du tribunal ne suffisant pas, le procès est retransmis sur écran géant. Une tente destinée aux victimes qui souhaiteraient bénéficier d'un soutien psychologique a également été installée.

Jawad Bendaoud, délinquant multirécidiviste déjà condamné en 2008 pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, est cette fois poursuivi pour "recel de malfaiteurs terroristes" et encourt six ans de prison. Il a fourni l'appartement où Abdelhamid Abaaoud et son complice Chakib Akrouh s'étaient repliés, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), près de Paris.

Depuis son arrestation, il a déjà comparu à trois reprises devant le tribunal de Bobigny: pour avoir mis le feu à sa cellule, pour trafic de cocaïne et pour avoir insulté et menacé de mort des policiers.

Jawad Bendaoud nie avoir eu connaissance des intentions de ses hôtes. Mais des écoutes téléphoniques ont révélé que ses interlocuteurs évoquaient clairement des attaques visant Paris. "Ils ne pouvaient pas ignorer qu'ils étaient en train d'aider des terroristes, là-dessus il n'y a pas de débat", a estimé avant l'audience Gérard Chemla, avocat de huit parties civiles.

"La question posée est celle de savoir si Jawad Bendaoud et Soumah sont des terroristes. La position du parquet est que ça n'est pas le cas. Mais la question est mise au débat", a déclaré le procureur, mercredi, en début de procès.

Jawad Bendaoud a échappé aux assises dans la mesure où les juges d'instruction ont estimé qu'il savait qu'il hébergeait certains auteurs des attentats parisiens, mais n'avait pas connaissance de leur projet d'attaques futures dans le quartier de La Défense près de Paris.

Si les juges ont dans un premier temps mis en examen Jawad Bendaoud et Mohamed Soumah pour "association de malfaiteurs terroriste", rien n'a permis de montrer par la suite leur implication concrète et volontaire dans les nouveaux attentats que projetaient les deux terroristes hébergés.

La partie civile du procès de Jawad Bendaoud a demandé mercredi la requalification des faits qui a été versée au débat contradictoire avant la lecture par la présidente de l'audience du rapport détaillé sur l'ensemble des investigations.

Les tueurs des attentats du 13-Novembre étaient dix: trois au Bataclan, tués pendant l'assaut; quatre au Stade de France, dont Salah Abdeslam, le seul rescapé, incarcéré à Fleury-Mérogis (Essonne); et trois qui avaient tiré sur des terrasses de café au cœur de Paris. Deux hommes de ce dernier commando avaient pu s'enfuir: Abdelhamid Abaaoud - pour les policiers, le cerveau des attentats - et Chakib Akrouh.

(Rédacteurs :Wei SHAN, Guangqi CUI)
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