Dernière mise à jour à 09h20 le 26/01
La France et l'Allemagne ont défendu unanimement mercredi leur position commune en faveur d'une Europe plus forte, avant l'arrivée du président américain Donald Trump jeudi à Davos, à l'heure où la fracture idéologique se creuse entre les deux rives de l'Atlantique.
"La France est de retour. La France est de retour au coeur de l'Europe, car nous n'aurons jamais de succès en France sans le succès de l'Europe", a déclaré le président français Emannuel Macron dans un discours prononcé mercredi au Forum économique mondial de Davos.
"Toutes les initiatives et réformes ont une contrepartie naturelle : la stratégie européenne", a-t-il déclaré, appelant l'Union européenne (UE) à avoir plus d'"ambition". "Ceux qui ne veulent pas aller de l'avant ne devraient pas bloquer les plus ambitieux dans la salle", a-t-il ajouté.
"L'UE devrait trouver son rôle dans un monde interconnecté et placer la cohésion sociale au-dessus de l'obsession souvent observée pour la croissance", a-t-il poursuivi, appelant l'UE à inclure dans sa stratégie décennale les objectifs communs dans les domaines de l'environnement, de l'énergie, de la cohésion sociale et de la défense.
La France et l'Allemagne sont traditionnellement considérées comme les moteurs de l'intégration européenne, mais les répercussions du Brexit et la montée de l'extrême droite sur le continent ont entravé leurs efforts dans une certaine mesure.
Comme M. Macron, la chancelière allemande Angela Merkel a évoqué mercredi sa vision de l'avenir de l'Europe, affirmant que l'UE "doit assumer une plus grande responsabilité" et prendre son destin en main.
"A l'heure où le multilatéralisme est menacé, nous devons nous poser la question de savoir si nous avons tiré les enseignements de l'histoire. La réponse est non, pas vraiment", a-t-elle déploré, appelant les Etats membres de l'UE à coopérer plus étroitement afin de résoudre les problèmes en Europe.
Mme Merkel a insisté sur l'importance d'agir davantage dans le domaine de la numérisation plutôt que de débattre de "questions philosophiques", car l'UE met trop de temps à se décider sur la question du traitement des mégadonnées et accuse désormais un retard dans ce domaine.
"Nous devons à présent réorienter nos politiques économiques, créer un marché numérique unique", a-t-elle relevé, rappelant que l'Europe est sous pression face aux grandes entreprises américaines.
Mme Merkel a également appelé les pays à faire des efforts pour remédier à la fragmentation du marché de capitaux en établissant une union des marchés de capitaux et une union bancaire, de manière à surmonter la crise rapidement.
Dans la foulée d'une série d'événements inattendus intervenus sur la scène internationale, dont le Brexit et l'élection de M. Trump à la présidence des Etats-Unis, le monde a tourné ses yeux vers la France et l'Allemagne en se demandant comment les deux pays répondraient à la montée du populisme, du protectionnisme et du mouvement antimondialiste en Europe.
Malgré les déclarations de bonne volonté échangées par Paris et Berlin, certains médias estiment que M. Macron et Mme Merkel envisagent des structures différentes pour l'UE, ce qui pourrait mettre les deux voisins en désaccord.
Selon l'hebdomadaire allemand Der Spiegel, M. Macron souhaiterait une union donnant plus de pouvoirs à Bruxelles, au lieu de laisser Berlin diriger.
La nouvelle coqueluche de la scène politique européenne a proposé d'établir un ministère de la Finance européen et un budget de la zone euro, ce qui devrait accorder davantage de légitimité à l'UE. Un geste susceptible de faire sourciller Berlin.