Dernière mise à jour à 09h31 le 05/02
Selon une enquête du gouvernement indien, qui a également souligné que plus de 2 millions d'entre elles disparaissent chaque année, près de 63 millions de femmes sont « portées disparues » de la population indienne pour cause de fœticides, de maladies, de négligences ou d'une nutrition inadéquate. L'enquête, publiée le 29 janvier, a souligné le phénomène de « préférence pour les garçons » parmi les Indiens, qui a donné naissance à environ 21 millions de filles « non désirées ». « Les parents indiens continuent souvent d'avoir des enfants jusqu'à ce qu'ils aient le nombre de fils désiré », a-t-elle ajouté.
« Les familles qui ont des fils sont plus susceptibles d'arrêter d'avoir des enfants que les familles où une fille est née, ce qui suggère que les parents donnent naissance à des enfants jusqu'à ce qu'ils aient autant de fils qu'ils le souhaitent ». Rebecca Reichmann Tavares, ancienne représentante de l'ONU à l'Entité des Nations Unies pour l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes, également connue sous le nom d'ONU Femmes, a déclaré : « La société indienne est consciente de cette question depuis un certain temps ». « Il est illégal de déterminer le sexe d'un fœtus, mais c'est encore largement pratiqué et nous constatons que même dans les États où les gens sont plus instruits et ont des revenus plus élevés, la pratique est plus répandue », a-t-elle ajouté.
En Inde, la naissance d'un fils est souvent une cause de célébration et de fierté familiale, alors que la naissance d'une fille peut être un moment d'embarras et même de deuil, les parents songeant aux dettes immenses qu'ils devront assumer pour payer la dot du mariage. Des études ont montré depuis longtemps que les filles indiennes sont moins éduquées que les garçons, qu'elles manquent de nutrition et qu'elles reçoivent moins de soins médicaux. Beaucoup de femmes -y compris des femmes instruites et riches- affirment qu'elles subissent des pressions intenses, le plus souvent de la part de leur belle-mère, pour avoir des fils.
« Cela montre bien que le développement économique et qu'un niveau d'éducation supérieur ne suffisent pas à promouvoir ou assurer l'égalité des sexes. Même l'adoption d'un système juridique et politique qui a tout fait pour garantir les droits des femmes et des filles n'a pas suffi ». L'enquête intervient alors que le ratio des sexes en Inde s'est aggravé au fil des ans malgré les campagnes gouvernementales visant à instaurer la parité entre les sexes. Le Premier ministre Narendra Modi a lancé l'initiative dite « Beti Pachao, Beti Padhao » (« Sauver les filles, éduquer les filles ») en 2015, donnant un signe que le gouvernement accorde désormais la priorité à l'autonomisation des femmes. « Je crois sans aucun doute que le gouvernement est déterminé à s'attaquer à ce problème et qu'il s'y est très engagé », a souligné Mme Tavares.