Dernière mise à jour à 11h15 le 31/05
Plus de douze semaines après des élections générales aux résultats peu concluants, l'Italie peine toujours à se doter d'un gouvernement, une situation qui semble ne pouvoir se conclure que par deux solutions également problématiques : soit un gouvernement technique faible, probablement dirigé par l'économiste Carlo Cottarelli, soit un gouvernement politique, sur lequel les dirigeants politiques semblent cependant incapables de se mettre d'accord.
Plusieurs semaines après les élections du 4 mars, qui ont vu deux partis antisystème enregistrer des résultats inattendus, le monde politique italien se trouve à présent en terrain inconnu.
Les deux partis en question, le parti populiste "Mouvement 5 Etoiles" (M5S) et le parti nationaliste la Ligue, ont mis onze semaines à choisir Giuseppe Conte, un professeur de droit largement inconnu, comme candidat au poste de Premier ministre. Le gouvernement Conte a cependant été rejeté en raison de l'opposition suscitée par la nomination d'un candidat eurosceptique controversé au poste de ministre des Finances.
Le président italien Sergio Mattarella a en conséquence choisi M. Cottarelli pour diriger un gouvernement technique. Mais le M5S et la Ligue ont clairement indiqué qu'ils ne soutiendraient pas le gouvernement de M. Cottarelli, ce qui signifie que celui-ci n'aurait qu'une très faible marge de manoeuvre en attendant la tenue de nouvelles élections anticipées, probablement dans les 50 jours.
Le M5S et la Ligue ont depuis lors redoublé d'efforts pour se mettre d'accord sur un gouvernement susceptible d'être accepté par le président Mattarella, rendant de nouvelles élections superflues.
"Il n'y a pas de solution politique facile ou attractive pour l'Italie en ce moment", a déclaré à Xinhua Gian Franco Gallo, un analyste politique.
Pour le moment, il semble que M. Cottarelli ait de fortes chances de diriger le prochain gouvernement, même s'il n'a que très peu de chances de remporter un vote de confiance, qui pourrait avoir lieu dès la semaine prochaine. Il pourrait diriger le gouvernement même en ayant perdu le vote de confiance, mais il n'aurait dans ce cas qu'un pouvoir strictement intérimaire.
"S'il échoue à remporter un vote de confiance, le gouvernement Cottarelli aura un mandat extrêmement limité, et aura pour seule mission d'assurer le fonctionnement de base du gouvernement - s'assurer que les fonctionnaires soient payés, les pensions versées, ce genre de choses", a expliqué à Xinhua Andrea Marrone, professeur de droit constitutionnel à l'université de Bologne.
De son côté, Paolo Bellucci, expert en sciences politiques à l'université de Sienne, s'est dit ne pas être certain qu'un hypothétique gouvernement Cottarelli soit autorisé à prendre les mesures nécessaires pour voter le budget 2019 du pays. En Italie, le budget national doit en effet passer par plusieurs étapes spécifiques, et doit être voté au dernier trimestre de l'année.
"Si l'Italie se retrouve avec un gouvernement technique qui n'est pas soutenu par le Parlement, le pays ne sera pas en mesure de mettre en place les réformes dont il a besoin", a-t-il affirmé dans une interview.
Un gouvernement technique pourrait en outre être de très courte durée. Dans les circonstances actuelles, la loi autorise la tenue de nouvelles élections dans les 50 jours, ce qui signifie qu'un nouveau scrutin pourrait avoir lieu fin juillet - le 29 juillet selon la presse italienne - à une époque où beaucoup d'Italiens partent en vacances.
Le M5S et la Ligue, que l'échec du gouvernement Conte n'a pas découragés, ont affirmé travailler à une solution politique qui rendrait de nouvelles élections superflues. Mais il leur sera difficile de trouver un candidat au poste de Premier ministre qui puisse à la fois plaire à leurs électeurs et obtenir l'approbation de M. Mattarella.