Dernière mise à jour à 11h51 le 09/06
La Chine et l'Union européenne (UE) ont toutes deux affirmé haut et fort leur ferme désaccord avec les droits de douane que mettent en place les États-Unis sur l'acier et l'aluminium. Les deux partenaires vont probablement collaborer encore plus étroitement pour faire respecter le multilatéralisme et le libre-échange.
Malgré le grand nombre d'oppositions à travers le monde, le président américain Donald Trump a annoncé au mois de mars dernier l'instauration d'une taxe de 25% sur les importations d'acier et d'une taxe de 10% sur les importations d'aluminium. L'administration américaine avait accordé des exemptions temporaires pour les importations du Canada, du Mexique et des pays membres de l'UE qui ont pris fin le 1er juin.
Peu après l'échéance des exemptions, l'UE a initié une procédure auprès de l'OMC à l'encontre des États-Unis et a annoncé mercredi la mise en application de droits de douane réévalués sur plusieurs produits américains pour le mois de juillet, le premier volet « d'une riposte en trois temps ».
Fin avril, l'UE souhaitait se joindre aux consultations initiées par la Chine dans le cadre de l'OMC auprès des États-Unis concernant les droits de douane américains, arguant du fait qu'elle avait dans ce domaine des intérêts commerciaux considérables.
Dans un communiqué, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a vilipendé les nouveaux droits de douane américains, affirmant « qu'il s'agit purement et simplement de protectionnisme. »
« Nous le regrettons mais les États-Unis ne nous laissent d'autre choix que de protéger les intérêts de l'UE », a déclaré la commissaire européenne au commerce Cecilia Malmström.
Au même moment, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois Hua Chunying affirmait que l'unilatéralisme et le protectionnisme étaient nocifs et qu'ils n'offraient aucun avantage dans une économie mondiale aussi intégrée que la nôtre.
La Chine a décidé de réduire ses droits de douane sur les automobiles à partir du 1er juillet dans le cadre de ses efforts d'ouverture dont le but est de renforcer un commerce mondial réglementé et multilatéral. La deuxième plus grosse économie du monde a également annoncé une hausse de ses importations.
Selon Gabriel Felbermayer, expert du commerce mondial à l'Ifo Institut de Munich, les dégâts économiques des taxes sur les importations d'acier et d'aluminium devraient être « limités » dans un premier temps, mais ce « pourrait n'être que le début d'une série d'autres mesures prises par les États-Unis ».
Felbermayer conseille à l'UE d'afficher un front uni pour s'opposer aux mesures des États-Unis au côté d'autres partenaires internationaux comme la Chine, dont l'intérêt est de défendre un système multilatéral basé sur un commerce équitable.
La semaine dernière, plusieurs hauts diplomates chinois et européens se sont engagés à approfondir leur coopération stratégique et à défendre le multilatéralisme. Au même moment, le conseiller d'État et ministre des Affaires étrangères chinois Wang Yi et la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini ont coprésidé le 8e cycle du dialogue stratégique de haut niveau entre la Chine et l'UE à Bruxelles.
Prenant acte de la montée de l'unilatéralisme et du protectionnisme, M. Wang a déclaré que la Chine et l'UE devaient coopérer étroitement pour combattre toute menace contre le libre-échange.
De son côté, Mme Mogherini a déclaré que l'UE était disposée à travailler avec la Chine pour défendre le multilatéralisme, dont les Nations unies sont le centre, ainsi qu'un ordre international réglementé.
Au moment où le protectionnisme de Donald Trump crée toujours plus de chaos et d'incertitudes à l'échelle mondiale, une détermination et une persévérance accrues vont plus que jamais être nécessaires pour garantir un système d'échange équitable et ouvert. À cet égard, la Chine et l'UE, qui partagent en grande partie le même point de vue sur la nécessité de préserver le multilatéralisme, la globalisation et le libre-échange, ont devant eux un gigantesque potentiel en matière de coopération pour s'attaquer au protectionnisme.
En réponse aux mesures unilatérales des États-Unis, plusieurs de ses partenaires commerciaux ont décidé de rejoindre la lutte qui s'engage. La semaine dernière, le Canada a déposé un recours devant l'OMC contre les taxes à l'importation des États-Unis sur l'acier et l'aluminium quelques heures seulement après que l'UE ait annoncé des mesures de rétorsion en augmentant ses propres droits de douane. Le Mexique a réagi en prenant mardi des mesures similaires visant les secteurs américains de l'acier, de l'aluminium et de l'agriculture.
Alors que la situation internationale connaît de profonds et complexes changements, la sauvegarde du multilatéralisme et du libre-échange n'est pas seulement un enjeu pour l'UE et la Chine, mais aussi pour le reste du monde, a prévenu Jean-Claude Juncker.