Dernière mise à jour à 08h18 le 14/08
La condamnation vendredi dernier du géant agricole américain Monsanto par un tribunal américain, dans l'affaire de son herbicide, a relancé le débat sur l'interdiction du glyphosate en France.
En réaction à cette condamnation du géant américain, le ministre français de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot a appelé à une "guerre" contre ces pesticides nocifs.
"Il faudrait maintenant que l'on passe à une autre échelle. Nous devons mener tous ensemble une guerre pour réduire les molécules les plus dangereuses, sans attendre la démonstration absolue de leur dangerosité... N'attendons pas d'avoir une liste de décès pour agir", a déclaré dimanche dernier sur la chaîne de télévision française BFMTV M. Hulot.
Pour le ministre français, les multinationales ne sont puissantes que parce que "nous sommes faibles. Est-ce qu'un jour nous comprendrons que Monsanto-Bayer n'a pas d'autre objectif que de mettre en coupe réglée les ressources alimentaires de la planète? D'un côté on empoisonne et de l'autre on soigne: à un moment donné, on doit se révolter."
Dans cette "guerre" déclarée contre les herbicides "dangereux", Nicolat Hulot pourrait compter sur Europe écologie les Verts (EELV), des associations de défense de l'environnement ou encore des associations paysannes qui ont appelé à l'unisson l'interdiction du glyphosate à la suite de la condamnation de Monsanto.
Les écologistes invitent dans un communiqué les autorités françaises à appliquer sans tarder le principe de précaution.
"Nous demandons solennellement au gouvernement de cesser de tergiverser sur le glyphosate et les pesticides qui détruisent notre santé et la biodiversité ... et de débloquer immédiatement les fonds nécessaires pour aider les agriculteurs à se passer de ces produits dangereux", lit-on dans le document publié samedi dernier sur le site EELV.
Françoise Veillerette, directeur de Générations Futures, une association de défense de l'environnement agréée par le ministère de l'écologie, souligne également dans un communiqué, "l'urgence de retirer les pesticides à base de glyphosate du marché", suite à la condamnation de Monsanto.
Du côté de la Confédération paysanne la dangerosité du glyphosate ne fait aucun doute. Et Laurent Pinatel, porte-parole de cette confédération, invite les autorités à redonner du profit aux paysans afin qu'ils s'affranchissent de cette herbicides qu'il a qualifié de "béquille chimique". "On nous a rendu dépendant des pesticides. Donc à un moment il faut que l'Etat accompagne les gens pour changer de système", a-t-il plaidé ce lundi sur la radio française RMC.
Ce tir groupé des autorités, écologistes, associations de défense de l'environnement et paysannes contre les pesticides a fait réagir le groupe pharmaceutique allemand, Bayer nouveau propriétaire de Monsanto, ainsi que ses soutiens. Frank Garnier, président de Bayer France est monté au créneau pour apporter la réplique, notamment au ministre Nicolas Hulot qualifiant de "fort", le mot "guerre" utilisé par ce dernier.
"Je suis convaincu que le glyphosate ne représente pas de danger pour la sécurité humaine quand il est utilisé conformément aux recommandations d'usage et c'est le cas en Europe et en particulier en France", a déclaré dimanche dernier sur BFMTV M. Garnier tout en vantant les qualités de ce produit pour la protection des cultures.
Le président de Bayer France à d'ailleurs annoncé, la publication dans les meilleurs délais de l'ensemble des résumés des études sur leur site. Les autorités françaises ont promis d'interdire le glyphosate d'ici à 3 ans (le temps de trouver une solution) malgré la décision de l'Union européenne d'autoriser à nouveau ce produit pour cinq ans.
Au-delà de cette date, s'il "n'y a pas de solutions et que nos partenaires ne sont pas rentrés dans ce processus que nous souhaitons mettre en place avec eux, il y aura une proposition de loi", avait prévenu en juin dernier sur Public Sénat, le ministre de l'agriculture Stéphane Travert.
En France, 2/3 des agriculteurs utilisent le glyphosate, selon la secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Transition écologique, Brune Poirson. Mais l'objectif à long terme c'est de passer à un système qui soit plus respectueux de l'environnement dans sa globalité.