Dernière mise à jour à 08h35 le 09/04
Le Premier ministre français Edouard Philippe a présenté lundi le bilan du Grand débat national, lancé le 15 janvier dernier par le président Emmanuel Macron suite à la crise des "gilets jaunes".
Les lignes de forces qui se dégagent de cette consultation citoyenne qui a duré trois mois et mobilisé 1,5 million de participants, sont des exigences de justice et d'équité, moins d'impôts, plus de services publics de proximité, une démocratie réinventée et une volonté d'agir pour la transition écologique.
"Je retiens un immense besoin de justice et d'équité et quatre exigences : la première exigence, c'est en fait une immense exaspération fiscale qui ne date pas d'hier", a déclaré M. Philippe lors de la restitution du Grand débat national au Grand Palais.
Selon le Premier ministre français, le pays a atteint une sorte de "tolérance fiscale zéro", et le Grand débat indique clairement à ce sujet la direction à prendre. "Nous devons baisser et baisser plus vite les impôts", a-t-il insisté.
La seconde exigence des Français à l'occasion du Grand débat est celle de "fraternité, de proximité, de lien quotidien". M. Philippe a rappelé sur ce point que parmi les millions de mots évoqués lors de ces consultations, certains comme "l'isolement, l'abandon, l'indifférence, le manque d'attention, de considération reviennent avec régularité.
Selon M. Philippe, la réponse à ce malaise (isolement, abandon etc) consiste à rétablir l'équilibre entre les Métropoles et les communes qui se trouvent à l'extérieur des logiques métropolitaines. Il propose également de réorienter les efforts d'investissement vers les transports du quotidien et de revoir les règles d'urbanisme qui ont selon lui, très souvent poussé à l'étalement et donc, conduit à l'isolement.
La troisième exigence qui ressort de ces consultations est d'ordre démocratique, indique Edouard Philippe tout en reconnaissant que les hommes politiques ne sont pas parvenus à réconcilier les Français avec ceux qui les dirigent. "Renouer avec une forme de confiance est le grand défi de notre génération politique. Les Français veulent une démocratie plus représentative, plus transparente, plus efficace et une exemplarité encore renforcée", a-t-il dit.
La dernière exigence est une urgence climatique, une bonne nouvelle, a estimé le Premier ministre. "Les Français à la différence de nombreux autres peuples, ne sont pas climato septique (...) Ils nous disent qu'ils sont prêts à changer de comportement, en revanche, ils ne veulent plus que des taxes leur dictent ce qu'ils doivent faire, et dans des cas où ils peuvent l'envisager ils veulent que leurs produits financent des dispositifs d'accompagnement", a expliqué M. Philippe.
Selon le chef du gouvernement français, le message est bien reçu, "hésiter serait pire qu'une erreur, ce serait une faute. Car le besoin de changement est si radical que tout conservatisme, toute frilosité serait impardonnable".
Le discours du Premier ministre n'a pas convaincu les partis politiques de l'opposition encore moins les "gilets jaunes. "M. Philippe parle de baisse d'impôt alors que les Français ont demandé lors du Grand débat de l'égalité fiscale, notamment le rétablissement de l'ISF. Finalement ce Grand débat ne sert qu'à conforter la politique du gouvernement", a critiqué sur BFMTV, le député Eric Coquerel de la "France insoumise".
Fabien Roussel, secrétaire national du PCF a fait le même constat : "quand j'entends le Premier ministre parler d'exaspération fiscale et derrière de dire baisse de la dépense publique et baisse des impôts, c'est réducteur, car dans les débats les Français disent qu'ils veulent des services publics de proximité, donc augmentation du budget de l'Etat et rétablissement de l'ISF".
Geoffrey David, directeur de campagne des élections européennes du parti Les Républicain (LR) se dit surpris sur BFMTV, "qu'il ait fallu plusieurs mois de Grand débat pour que le Premier ministre et l'ensemble du gouvernement découvrent qu'il y a une exaspération fiscale dans notre pays".
Même réaction du côté des "gilets jaunes" : "Nous n'avons pas noté de grandes avancées de la part du chef du gouvernement. Il n'y a pas de remise en cause de l'ISF, rien sur la TVA des produits de première nécessité, ni sur le RIC (référendum d'initiative citoyenne, ndlr) ou le gel de la hausse des carburants", a déclaré au Figaro, Maxime Nicolle l'une des figures du mouvement.
Pour rappel, 1,5 million de personnes ont participé au Grand débat national. Environ 10 000 réunions locales ont été organisées et 500 000 personnes se sont exprimées avec les cahiers citoyens, a indiqué lundi la secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Transition écologique, Emmanuelle Wargon qui a co-piloté le Grand débat.