Thomas, un Français de 40 ans, grand et très souriant, parle couramment le mandarin. Mais si vous ne le voyez pas de près, vous ne penseriez pas forcément qu'il vient de France.
Il habitait La Rochelle, ville côtière d'une région réputée pour son vin, avant de venir en Chine, son rêve d'enfance. « J'avais le sentiment merveilleux de puiser mes sources en Chine », explique-t-il. A l'âge de cinq ans, il trouvait qu'il avait un visage très oriental. La Chine et sa civilisation très ancienne exerçaient un attrait particulier sur lui.
Pourtant, Thomas est bel et bien français. Il a commencé à apprendre le chinois à l'âge de 13 ans, dans l'espoir d'aller en Chine un jour. Il a alors collé un bout de papier sur la porte de sa chambre : « C'est ici que je commence à connaître l'Orient ».
En 2003, il a démissionné de son travail à Paris pour venir enseigner le français dans une école de Qingdao, dans le Shandong, et s'est mis à apprendre le tai-chi. Un an après, il est parti apprendre le qigong à l'Institut de recherche sur le qigong de Shanghai ; trois ans plus tard, il est entré à l'Université de médecine et de pharmacologie traditionnelles chinoises de Shanghai pour suivre pendant cinq ans des cours de médecine traditionnelle, d'acupuncture et d'acupression.
Thomas avait été séduit par les histoires fantastiques et mystérieuses racontées dans un livre sur la pratique des maîtres taoïstes qu'il avait lu lorsqu'il était à la fac en France.
Il s'est mis, après la fin de ses études à l'Université de médecine et de pharmacologie traditionnelles chinoises, en quête de maîtres taoïstes et a décidé de devenir le disciple du maître Ye Zhiming, directeur de l'Association du taoïsme de Jiujiang, la grotte des Immortels. Le maître lui a donné le nom de Li Zhong.
Sa vie d'ermite au mont Wudang
Thomas voulait depuis longtemps voir le mont Wudang.
Le monde féerique du mont, les arts martiaux mystérieux de Wudang, le profond charme de la culture taoïste... Tout cela a offert une belle surprise à Thomas. Convaincu d'avoir trouvé le lieu qu'il cherchait depuis longtemps, il a décidé en septembre 2014 d'y rester.
Thomas a trouvé, dans la vallée près du palais Zixiao, une cour abandonnée qu'il a baptisée petit pavillon de Wudang après y avoir fait de simples travaux d'aménagement.
Le matin, après son réveil au lever du soleil, Thomas commence à faire ses exercices.
Il fait d'abord une séance de tai-chi dans une forêt de bambous (photo), puis des exercices visant à bâtir la force. Le matin est consacré au taoïsme, avec la lecture de classiques taoïstes tels que Laozi, Zhuangzi et Dao De Jing, et de la méditation. Pendant son temps libre, il s'exerce à la calligraphie. Sur les murs de la pièce où il pratique la méditation sont accrochées des calligraphies écrites en caractères chinois traditionnels, extraits des classiques taoïstes. « Le mont Wudang est un lieu où l'on peut dialoguer entre le passé et le présent, affirme Thomas. Choisir un cadre convenable pour vivre en ermite en se coupant de toutes les préoccupations mondaines est une pratique appréciée depuis plus de 5000 ans ». Thomas a une grande estime pour les hommes vertueux et les maîtres retirés du monde, persuadé qu'ils se retirent dans les montagnes pour se perfectionner et pour aider les autres.
Un lieu de retraite devenu centre d'échanges culturels sino-français
Thomas est aujourd'hui un vrai connaisseur de la Chine. L'année dernière, à la fête du Printemps, il a suivi l'exemple des villageois aux alentours pour lancer des pétards et offrir des offrandes aux ancêtres.
La mère et la sœur cadette de Thomas, qui sont venues le voir en Chine il y a quelques jours, ont beaucoup aimé le lieu et se sont mises à apprendre le qigong avec lui.
Ensemble, tous les trois ont pratiqué la méditation et des exercices de qigong. Sa mère lui a dit qu'elle aimerait séjourner ici à nouveau.
Thomas n'a pas coupé tous ses liens avec le monde extérieur. Plusieurs de ses amis, séduits par les photos qu'il envoie sur le réseau WeChat, viennent tour à tour discuter de la pratique du taoïsme. « Je voudrais faire de mon petit pavillon de Wudang une base d'échanges culturels sino-français », déclare Thomas, qui souhaite voir ses amis français aimer la culture chinoise comme lui.