Le sénateur burundais Sylvestre Ntibantunganya, ancien président de la République (1994- 1996), a exhorté dimanche la communauté internationale à éviter que le Burundi ne sombre dans une crise comme celle de 1994 au Rwanda.
"A la communauté internationale, il faut dire ceci : ne nous trouvons pas demain devant une situation comme celle qui a eu lieu au Rwanda il y a une vingtaine d'années et que cette communauté internationale ne vienne ici pour verser les larmes de crocodile alors qu'elle observe ce qui se passe, qu'elle voit qui bloque, qu' elle voit qui ne cherche pas une solution", a-t-il déclaré après la suspension du dialogue politique inter-burundais dimanche.
Le dialogue, ouvert mercredi, a été suspendu en raison du retrait de la mouvance présidentielle, annoncé samedi.
"Il faut que les Burundais sachent, que la région sache, et que la communauté internationale sache qui est l'obstacle maintenant parce que quand vous négociez, au bout du temps, vous trouvez une solution qui vous arrange tous", a-t-il déclaré.
Pour lui, la sécurité au Burundi est menacée et cette insécurité peut compromettre la sécurité dans la région.
"Il y a donc un devoir d'agir rapidement car j'ai vu en 1994 les erreurs qui ont été commises par la région au Rwanda. Je ne dirais pas que les dimensions seront les mêmes, mais j'ai l' impression qu'il y a une option délibérée de laisser la situation évoluer dangereusement vers des risques de violences", a averti M. Ntibantunganya.
Samedi soir, le CNDD-FDD (au pouvoir) et d'autres formations proches du pouvoir, dont les Forces Nationales de Libération (FNL) et la Coalition des partis Politiques pour une Opposition Participative (COPA), ont claqué la porte après la diffusion en ligne d'une déclaration "d'allure putschiste par l'opposition".
Certains partis et coalitions d'opposition exigent dans cette déclaration la création d'un "Conseil National pour le Respect des Accords d'Arusha et de l'Etat de Droit au Burundi".
Cet accord, conclu en 2000 et qui a mis fin à la guerre civile burundaise, limite à deux le nombre des mandats du président de la République,alors que le président Pierre Nkurunziza, élu en 2005 et réélu en 2010, briguera un troisième mandat au scrutin présidentiel qui aura lieu mardi.