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La Chine tout schuss ! (2)

La Chine au présent | 26.02.2016 09h23

 

Un gamin chinois essaie le ski.

Les défis du ski chinois

Au départ réservée à une élite et aux sportifs professionnels, cette discipline se popularise. Autour de la capitale par exemple, il n'est pas rare de voir les Pékinois sortir le weekend pour une sortie ski à Wanlong ou à Jundushan ou encore Nanshan. Situées à quelques encablures de la capitale pour la plupart, ces stations font le bonheur des débutants et des plus confirmés qui y vont à la journée pour découvrir ou descendre les quelques pistes de neige artificielle.

D'après Paul Bojarski, Grenoblois installé depuis 10 ans en Chine qui a participé à l'installation de la station de Huaibei à Beijing, « les pistes sont trop petites pour fournir. Donc il y a de l'expansion possible et rentable à faire. » Il aide les investisseurs chinois à trouver les montagnes pour créer les stations et les conseille. Du Heilongjiang au Sichuan, il connaît bien les montagnes chinoises, leur potentiel et sait combien l'or blanc commence à prendre de la valeur en Chine.

« Aujourd'hui, on compte près de 300 000 skieurs en Chine, les professionnels espèrent faire passer ce chiffre à 20 millions d'ici quelques années », ajoute-t-il.

Mais dans la plupart des stations chinoises, débutants, parents et enfants, confirmés et moniteurs se bousculent sur des pistes souvent trop courtes ou pas assez nombreuses. L'engouement pour ce sport est tel que les installations créées pour la plupart il y a une dizaine d'années ne tiennent plus la route.

De plus, la notion de séjour-ski n'existe pas encore en Chine. La plupart des gens ne vont dans les stations de ski qu'à la journée et le forfait n'est en général pas donné. C'est assez rare d'ailleurs que les gens restent sur place le soir. Pour le Club Med de Yabuli, les prix vont d'un millier de yuans à plusieurs milliers. C'est donc surtout sur une clientèle aisée de la classe moyenne chinoise que le centre compte pour fonctionner. Mais la demande est telle qu'ils ont fait venir plus d'une dizaine de moniteurs français et d'autres pays d'Europe pour accompagner les touristes sur les pistes de la plus grande station de ski chinoise. Un sport cher, à la mode, mais qui ne décourage pas les Chinois.

Un véritable engouement

Certes, la proportion de champions olympiques potentiels sur les pistes chinoises n'est pas la même que dans les stations européennes, mais snowboardeurs et skieurs chinois n'ont rien à envier à leurs homologues quand il s'agit de passion.

Des sites Internet et des forums de discussion uniquement dédiés au ski existent. Depuis des années déjà, les fondus chinois sont aussi présents dans les stations suisses, françaises et japonaises ou encore russes dans le Kamchatka. Beaucoup d'élèves chinois à l'étranger profitent aussi des vacances pour aller dans les stations et s'adonner aux joies la glisse.

Devant l'afflux de skieurs chinois en Europe, la Suisse avait même mis en place des cours de ski avec des moniteurs chinois dans ses stations pour satisfaire la demande des clients chinois. Suisse Tourisme estime même que le nombre de nuitées de touristes chinois en Suisse devrait atteindre 400 000 en 2022. Les stations suisses de Villars, Engelberg, Saint-Moritz, Davos, Gstaad, Grindelwald et Zermatt qui tirent leur épingle du jeu devraient donc en être les grandes bénéficiaires.

La présence de plus en plus de Chinois sur les pistes étrangères vient peut-être aussi du fait qu'en Chine les stations peinent à attirer des clients sur le long terme et à satisfaire la demande. Encore mal équipées et surchargées, les stations de ski chinoises, à l'exception peut-être de Yabuli, n'atteignent pas encore les standards internationaux. Mais on peut imaginer que les JO d'hiver 2022 vont changer la donne d'ici-là.

Au Club Med de Yabuli, on s'adapte à la demande de la clientèle chinoise et ses habitudes. Peu de clients passent plus de quatre jours à la station et font du ski tous les jours, alors d'autres activités typiquement chinoises telles que le mah-jong ou le karaoké sont organisées pour eux.

Certaines stations comme celle de Wanlong, à Zhangjiakou, plus à l'intérieur des montagnes bénéficient d'un domaine skiable plus étendu et sont équipées de télésièges et télécabines comme dans les plus grandes stations européennes. C'est là que seront organisés les JO d'hiver 2022.

Les grandes stations comme celle de Yabuli sont reliées aux grandes villes par des trains « neige » comme en France pour le TGV neige. Zhangjiakou bénéficie également d'une liaison TGV avec la capitale qui met les stations de ski à moins d'une heure de trajet au lieu de trois heures par train normal auparavant. La station de Yabuli a même vu l'ouverture d'une nouvelle gare pour accueillir les trains neige depuis Harbin.

Alors malgré le manque de maturité du domaine, des pistes trop courtes et pas assez nombreuses et des services qui laissent encore à désirer, la demande est bien là et les investisseurs chinois se sont d'ors et déjà lancé dans un contre-la-montre pour 2022.

Ce développement du ski en Chine n'augure que de bonnes choses, que ce soit pour les Chinois que pour les pays experts dans les sports d'hiver. La perspective de 2022 amènera certainement plus de Chinois encore à se mettre aux sports d'hiver et qui sait si on un jour on ne verra pas une version chinoise de Les Bronzés font du Ski dans les cinémas de Chine ?


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(Rédacteurs :Yin GAO, Guangqi CUI)
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