La mer de bambou, esthétique orientale (2)

Un parc forestier

Dans ce parc, il y a une étendue de bambou qui regroupent plus de 500 collines. Là-bas, on trouve un relief typique du sud de la province du Sichuan. Ces collines sont hautes de 600 m à 1 000 m d'altitude. La température reste au-dessus de 0 oC en hiver et au dessous de 30 oC en été.

Une fois dans le parc, on peut prendre la télécabine pour monter au sommet d'une des collines. Depuis la cabine, on se rend compte de ce qu'est la « mer de bambou ». Une fois sur place, nous avons essayé de chercher le lieu où Chow Yun Fat et Zhang Ziyi se battent dans le film Tigre et Dragon. Mais tous les paysages sont tous aussi beaux que dans le film. La télécabine s'arrête devant une falaise. Nous pouvons observer la chute d'eau et l'arc en ciel formé par celle-ci en dessous de nos pieds. En montant sur la tour d'observation au sommet de la colline, on peut embrasser toutes les collines alentours d'un seul regard.

Hormis les bambous, on peut trouver encore beaucoup d'autres magnifiques paysages dans le parc : cavernes, lacs, chutes d'eau etc... Dans la forêt, se cachent aussi des vestiges historiques taoïstes, bouddhistes et confucianistes.

Au petit matin, on peut observer les nuages qui enveloppent les sommets des collines qui sont comme des îles dans la mer de nuage et de bambous, un paysage paradisiaque. Les lacs cachés dans la forêt sont comme des bijoux. On peut emprunter un canot pour voguer sur l'eau parmi les bambous, une expérience très agréable.

La mer de bambou est pleine de légendes. Cette forêt de bambou se trouve sur un terrain latérite, d'après la légende, c'est une roche rouge lancée par la déesse Nuwa (la déesse créatrice dans la mythologie chinoise). Une autre déesse a trouvé que cette terre était trop déserte, donc elle a secrètement tissé une étoffe verte pour recouvrir cette terre rouge. Mais cet affront a mis en colère les dieux et elle a été bannie et est devenue une femme ordinaire. Les autres Immortels ont pris en pitié cette déesse déchue et lui ont offert des bijoux pour décorer. Dès lors, la terre est devenue verte et belle. Le dieu du ciel en voyant le lieu a été touché par cette histoire. Compatissant, il fait revenir la déesse au paradis. C'est une légende typique de la mythologie chinoise. Elle symbolise l'amour des Chinois envers la nature.

La culture et l'économie du bambou

Le bambou est un symbole culturel, sa valeur économique est bien connue des Chinois depuis des millénaires. Sur le site préhistorique de Hemudu situé dans le Zhejiang, qui remonte à 7 000 ans avant notre ère, les archéologues ont découvert des objets en bambou. Le caractère du bambou 竹 est l'un des idéogrammes les plus anciens de l'écriture chinoise.

À la dynastie Shang (XVIe siècle av. J.-C. – XIe siècle av. J.-C.), les Chinois écrivaient déjà sur des lamelles de bambou en en faisant des livres reliés avec la corde. On appelle ces lamelles de bambou « zhujian ». Grâce à celles-ci, on a accès à beaucoup de documents précieux datant d'avant les Han de l'Est (25-220). Plus tard, les Chinois ont créé une méthode de fabrication du papier avec le bambou, ce qui est inscrit dans le livre Tian Gong Kai Wu (Créations de la Nature et du Travail de l'Homme).

Aujourd'hui, dans les villages autour de la mer de bambou à Yibin, on peut trouver partout des objets en bambou : des objets pour la maison, des meubles, des tapis, des paniers, des sacs à dos, tout est en bambou. Et dans l'assiette, tout est fait à base de pousses de bambou, de bambou spongieux et de champignons de la forêt de bambou. Le riz cuit dans un tronçon de bambou est aussi un plat incontournable.

*WEI YAO est journaliste à Beijing Review.