SOS Racisme, une association antiraciste de France, a déclaré le 10 décembre son intention d'intenter un procès formel contre Le Point, le célèbre hebdomadaire français, tout en invoquant le dénigrement des Chinois en France.
L'Association des jeunes Chinois de France (AJCF) a publié une annonce sur Internet le même jour, déclarant qu'un article publié par Le Point en août avait insulté l'image des Chinois en France et que ce racisme évident avait exercé une influence sociale pernicieuse. L'AJCF a mandaté SOS Racisme pour un intenter un procès à l'encontre de Franz-Olivier Giesbert, le directeur de publication du quotidien.
Le 23 août, Le Point avait publié dans sa rubrique société un article intitulé « L'intrigante réussite des Chinois en France ». Cet article de trois pages « révélait » « l'intrigante » réussite des Chinois en France. Des journalistes y ont relevé une grande quantité de termes tels que « prostituée », « mafia », « jeux ».
L'article décrivait le « mode d'emploi du succès » des Chinois en France de la sorte : « Je suis clandestin... Trois ans plus tard, j'ai payé ma dette de passage...Au bout de dix ans, j'obtiens une carte de séjour… Au bout de quinze ans, je suis devenu un gros entrepreneur. »
L'article formulait également les 5 commandements de l'entrepreneur chinois : tu travailleras 80 heures par semaine, tu dormiras dans ta boutique ou ton restaurant, tu ne rémunèreras pas tes employés car ce sont les membres de ta famille, tu ne cotiseras pas et donc tu ne toucheras pas d'aides sociales, tu ne paieras pas d'impôts. Et l'article se clôturait finalement avec ces mots : « En fin de compte, tu gagneras 10 000 euros par mois, tu auras une limousine et tu seras assuré d'avoir une retraite en or. »
La mise en accusation du hebdomadaire Le Point par les Chinois de France a attiré l'attention de la société française. D'autres médias français, dont Le Monde, Le Figaro et Métro, ont tous rapporté cette nouvelle. Le Monde soulignait que c'était la première fois que SOS Racisme agissait avec le soutien d'une association asiatique, et que l'article publié par Le Point avait scandalisé la communauté chinoise en France. Interviewé le 11 décembre, le porte-parole de l'AJCF M. Wang Rui a montré que « l'article est insultant, dégradant et nuit à la réputation de tout un groupe ethnique. »
Face à ces critiques, Franz-Olivier Giesbert a déploré : « On est peu désolé que cette histoire ait été prise au premier degré, alors que c'était de l'humour, une forme d'humour qui n'est pas passée », avant d'ajouter qu'« il est de moins en moins possible de faire de l'humour dans les médias ».
SOS Racisme estime que la réponse irrespectueuse de Franz-Olivier Giesbert n'est qu'un prétexte et qu'on ne peut attaquer la communauté chinoise de manière raciste sous prétexte de faire de l'humour. Wang Rui a expliqué aux journalistes que l'humour et l'ironie n'étaient jamais l'assertion principale du hebdomadaire Le Point. Le porte-parole de l'AJCF est déçu que Giesbert n'ait exprimé aucun regret dans sa réponse. Les Chinois de France ne peuvent en aucun cas accepter cette réponse nullement sincère.
« Nous avons déjà soumis le procès aux professionnels. La récompense n'est pas importante pour nous. Ce qui importe, c'est que Le Point formule des excuses et que les autres médias français réalisent que la liberté d'expression doit se faire en conformité avec la loi. », a déclaré Wang Rui. Selon un article du quotidien Le Monde, le Tribunal de grande instance de Paris a décidé d'ouvrir l'audience pour juger cette action le 24 janvier.