Ces dernières années, de plus en plus de Chinois font recours aux investissements pour réaliser leur rêve d'émigrer à l'étranger. Pourquoi la plupart des Chinois riches ont toujours l'envie de quitter leur pays ? Et les pays étrangers, ils accueillent plutôt les Chinois eux-mêmes ou leur argent ? Jusqu'où cette vague d'immigration ira-t-elle ?
L'éducation des enfants est la première motivation
« Parmi les multi-millionnaires chinois, ceux qui ont l'intention d'émigrer sont de plus en plus nombreux et leur rang s'élargit rapidement. Notre société seule signe chaque année des contrats avec plus de cent clients. Le montant des investissements varie de centaines de milliers à des dizaines de millions. La plupart de ces riches sont nés dans les années 1970, et la première motivation pour eux est l'éducation des leurs enfants », a dit Zhong Nan, directeur du département du marché d'une société intermédiaire de l'immigration d'investissement à Shenyang.
En Chine, ces gens ont généralement un revenu et un statut social assez décents, ainsi ce qu'ils poursuivent n'est pas le bien-être. Ils dépensent une grosse somme d'argent simplement pour ‘acheter ‘ un bon environnement où leurs enfants pourront grandir en sécurité et dans le confort et une ambiance d'éducation favorable dans laquelle leurs enfants se libèrent de la concurrence vive et du fardeau des examens en Chine.
Les petits pays sont les destinations préférées
« Dans les grands pays qui accueillent le plus d'immigrants, le taux de réussite est assez bas ; la démarche est compliquée et l'attente semble être éternelle. Ce qui conduit les riches à réfléchir sur les pays dont la procédure d'immigration est simple et le montant d'investissement demandé est relativement raisonnable, comme la Lettonie, la Malaisie, le Portugal et la Corée du Sud. La proportion des clients qui ont décidé d'immigrer dans ces pays a atteint 50% de tous nos demandes », a confirmé Zhong Nan.
C'est les talents qui fuient à l'étranger
Ces dernières années, un nombre non négligeable de riches et de talents ont choisi d'émigrer. Selon les statistiques, en 2007, il n'y avait que 270 Chinois qui avaient fait une demande d'immigration aux Etats-Unis via les investissements, dont 161 ont réussi, alors qu'en 2011, ce nombre a décuplé avec un taux de succès dépassant 50%. Conformément au résultat d'une enquête menée ces derniers temps, parmi les Chinois riches dont la valeur des biens est supérieure à cent millions de Yuan, 40% d'entre eux ont envie d'émigrer aux Etats-Unis, 37% au Canada, 14% à Singapour et 11% en Europe. Et d'après les données les plus récentes publiées par le Bureau de services d'immigration des Etats-Unis, parmi les immigrants venus sur son territoire cette année grâce aux investissements, 75% sont d'origine chinoise.
Quand les riches sont de plus en plus nombreux, l'argent et les talent fuient de plus en plus à l'étranger.
« Ceux qui sont capable d'émigrer sont certainement des gens talentueux, dont notre pays a plus de besoin que les pays étrangers. Nous pouvons regagner l'argent investi à l'étranger, mais le talent qui est parti est difficile à retrouver. La forte croissance économique de notre pays durant ces dernières années a attiré un certain nombre de talents ayant fait leurs études à l'étranger à revenir chez eux pour monter leurs propres affaires. Un vive afflux réciproque marque les échanges de talents depuis plusieurs années. Mais ce que nous perdons sont principalement les élites, alors que ceux qui reviennent de l'étranger ne le sont pas forcément. Le nombre d'étudiants ayant fait leurs études à l'étranger est en hausse absolue, cependant, la proportion diminue sans cesse », a analysé Qin Ling, professeur de l'Institut de démographie de l'Université du Liaoning.
En même temps, certains spécialistes ne partagent pas ce point de vue. Selon eux, les élites chinoises émigrées figurent également au rang des élites dans leurs pays d'accueil. Si de plus en plus de Chinois montent haut dans les structures économique et technologique des pays, cela est favorable au développement de la Chine.
Comme notre pays est en pleine période de développement où la demande de talent est forte, comment retenir les personnes talentueuses constitue une épreuve. Proffesseur Qin Ling a sa propre idée : « Pour retenir l'argent, il faut d'abord retenir les talents. Pour retenir les talents, il faut d'abord leur donner l'envie de rester. Nous devons perfectionner davantage le système d'économie du marché afin de rendre plus équitable l'accès aux ressources et faire vivre l'esprit des entrepreneurs. En fait, beaucoup d'entre eux restent confus : d'une part, la Chine enregistre un des plus forts taux de croissance dans le monde, ce qui leur assure un bel avenir, mais d'autre part, ils ne se sentent pas en sécurité, puisque la Chine se trouve au bas de la chaîne industrielle du monde. Ils veulent ainsi monter en haut dans la chaîne en investissant dans les domaines financier et énergétique, qui ne sont par complètement ouverts aux capitaux privés. Il nous faut en conséquence faire basculer cette situation d'inégalité et d'insécurité. En tout cas, l'émigration n'est pas synonyme de rupture totale avec son pays d'origine. Beaucoup d'émigrants entretiennent des liens commerciaux étroits avec leur pays natal, ce qui en promeut l'amélioration du « soft environnement ».