Les efforts mondiaux pour combattre et éliminer le paludisme ont sauvé 3,3 millions de vies depuis 2000 en réduisant les taux de mortalité dus à cette maladie de 45 % dans le monde et de 49 % en Afrique, a annoncé mercredi l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Selon le Rapport 2013 sur le paludisme dans le monde, publié mercredi par l'OMS, entre 2000 et 2012, l'extension des mesures de prévention et de lutte s'est accompagnée d'une baisse régulière du nombre des décès et des cas de paludisme, malgré une augmentation de la population mondiale exposée au risque.
Dans leur grande majorité, les 3,3 millions de vies sauvées entre 2000 et 2012 l'ont été dans les dix pays ayant la plus forte charge du paludisme et ont concerné des enfants de moins de cinq ans, le groupe le plus touché par cette maladie. On estime qu'au cours de cette période, les taux de mortalité par paludisme ont baissé de 54 % chez l'enfant en Afrique.
"Ces progrès remarquables ne sont pas une raison pour relâcher nos efforts : en chiffres absolus, le nombre des cas de paludisme et des décès ne baisse pas aussi vite qu'il le pourrait", a relevé le Dr Margaret Chan, directeur général de l'OMS.
On estime qu'il y a eu, en 2012, 207 millions de cas de paludisme, ayant provoqué environ 627 000 décès (intervalle d'incertitude : 473 000 - 789 000).
En Afrique subsaharienne, la proportion de la population ayant accès à des moustiquaires imprégnées d'insecticide est restée largement en-deçà des 50 % en 2013. Seulement 70 millions de nouvelles moustiquaires ont été distribuées dans les pays d'endémie en 2012, un chiffre bien inférieur au minimum des 150 millions nécessaires chaque année pour garantir une protection à toute personne exposée au risque. En 2013 cependant, environ 136 millions de moustiquaires ont été distribuées et les perspectives pour 2014 semblent encore meilleures (aux alentours de 200 millions), semblant indiquer qu'un réel revirement de la situation a des chances de se produire.
En dépit de ces progrès, des millions de personnes n'ont toujours pas accès au diagnostic et à des traitements de qualité garantie, en particulier dans les pays n'ayant pas un système de santé solide. Le déploiement des traitements préventifs, recommandés pour les nourrissons, les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes, a également été lent ces dernières années.
"Pour remporter la bataille du paludisme, nous devons avoir les moyens d'assurer la prévention et le traitement de la maladie pour chaque famille qui en a besoin, a affirmé Raymond G Chambers, envoyé spécial du secrétaire général des Nations Unies pour le financement des OMD liés à la santé et pour le paludisme.
Le financement international de la lutte antipaludique est passé de moins de 100 millions de dollars américains en 2000 à près de 2 milliards de dollars en 2012. Les financements nationaux se sont situés aux alentours de 0,5 milliard pour cette même année, portant le total des fonds internationaux et nationaux engagés dans la lutte antipaludique à 2,5 milliards en 2012, moins de la moitié des 5,1 milliards nécessaires chaque année pour parvenir à l'accès universel aux différentes interventions.
Faute d'un financement suffisant et prévisible, les progrès sont également menacés par l'émergence de la résistance parasitaire à l'artémisinine, la composante essentielle des thérapies à base d'artémisinine (CTA), et de la résistance des moustiques aux insecticides.