Dernière mise à jour à 08h30 le 27/08
Au cours des 50 dernières années, le niveau de vie du peuple tibétain s'améliore beaucoup, ce qui est "incontestable", et en gros le progrès est "énorme", a martelé le tibétologue belge André Lacroix lors d'une interview exclusive accordée récemment à l'agence Xinhua.
Ayant traduit les mémoires du Tibétain Tashi Tsering, André Lacroix s'est rendu compte des informations "irremplaçables" sur ce qu'était la société tibétaine d'Ancien Régime et sur la nécessaire modernisation de la Région.
Comme sa fille a fait ses études pendant les années 1990 à Kunming, capitale du Yunnan, province voisine de la Région autonome du Tibet (RAT) de Chine, M. Lacroix a dès lors voyagé plusieur fois en Chine, surtout dans la RAT, et a rencontré deux fois le héros de son livre de traduction "Mon combat pour un Tibet moderne".
A en croire M. Lacroix, ce qu'il a vu et entendu au Tibet ne correspond rien aux "approximations" et "contre-vérités" diffusées par Dalaï-lama et "complaisamment" reprises par une grand partie de la presse occidentale.
En fait, il y avait beaucoup de "soufferts" sous l'Ancien Régime, a noté M. Lacroix.
Quand Tashi Tsering était tout petit (les années 1930), il voulait apprendre à lire et à écrire, mais il n'y avait pas d'écoles dans son village, a-t-il fait savoir.
L'analphabetisme et l'obscurantisme étaient, à cette époque-là, "consubstantiels" au bouddhisme tibétain, qui empêchait les petits tibétains d'apprendre à lire et à écrire, a indiqué M. Lacroix.
Parce que les moines et les propriétaires terriens qui dominaient la société féodale théocratique considéraient que l'instruction n'était pas pour le peuple, selon eux, "le peuple est juste bon pour le travail, c'est tout", a-t-il dit. C'était une société "profondément" inégalitaire sous l'Ancien Régime au Tibet.
"Quand vous naissiez pauvres et paysans, normalement toute votre vie restiez pauvre, sans autres cas pour vous. Et les terres étaient toujours possédées par les moines et les propriétaire terriens", a-t-il poursuivi.
Mais aujourd'hui, le niveau de vie du peuple tibétain s'améliore beaucoup, selon le tibétologue belge, surtout un développement rapide après la mise en service du Chemin de fer Qinghai-Tibet.
La ligne ferroviaire Qinghai-Tibet, de Xining à Lhasa, est un projet "extraordinaire" et "vraiment impressionnant", a indiqué M. Lacroix.
"C'est un projet gagnant-gagnant, cela permet évidemment au Tibet de se développer davantage et ça va améliorer l'économie tibétaine, renforcer les échanges, le niveau de la vie au Tibet", a-t-il dit.
Cette ligne a désenclavé des régions qui étaient enclavées pendant plusieurs siècles et a permis de promouvoir le tourisme du Tibet, a-t-il ajouté.
En 2009, M. Lacroix a rencontré Tashi Tsring pour la première fois, ce dernier l'a accompagné à visiter les environs au Tibet. Il a vu que c'était une région "en train de se moderniser, d'accéder à la modernité". Pour M. Lacroix, Lhasa est une ville "moderne" et les autos sont "un peu partout".
Malgré la modernisation de la société tibétaine, la liberté religieuse demeure intacte au Tibet, a cependant souligné le tibétologue belge.
En 1999, avec sa fille et sa femme, M. Lacroix a parcouru presque toute la zone frontière de la RAT, depuis le nord du Gansu, descendant par le Sichuan, jusqu'au Yunnan. C'était un voyage de plusieurs semaines.
Lors du voyage, M. Lacroix a vu que les moines étaient omniprésents, et qu'il y avait des monastères riches et des festivals populaires très vivants.
A Lhasa, il y a deux mosquées principales, a-t-il cité comme exemple, la Vert et la Rose, ça veut dire que les musulmans peuvent pratiquer dans la capitale du Tibet.
En fait, la culture tibétaine n'est pas menacée comme ce que la presse occidentale rapporte, a affirmé M. Lacroix, qui croit que la culture tibétaine est "beaucoup moins" menacée que beaucoup d'autres cultures minoritaires dans le monde.
"Il y a quand même des instituts de recherche. Le tibétain est obligatoire de s'enseigner dans les écoles primaires. Je crois qu'il y a une véritable volonté du gouvernement de protéger la culture tibétaine", a-t-il dit à l'agence Xinhua.
Evoquant l'environnement au Tibet, M. Lacroix l'a beaucoup apprécié, sans oublier de reconnaître les grands efforts déployés par le gouvernement chinois dans ce domaine.
Le fleuve Yarlung Zangbo est très beau, sur lequel il y a des centrales hydrauliques, mais on voit également beaucoup de centrales éoliennes et de maisons avec des panneaux solaires au Tibet, a-t-il ajouté.