Dernière mise à jour à 15h26 le 17/12
Selon une récente enquête, plus d'un dixième des pilotes de ligne professionnels souffriraient de dépression, et un petit pourcentage pourrait même avoir des pensées suicidaires. Ces résultats arrivent dans le sillage de l'accident aérien de Germanwings en 2015. Lors de cette tragédie, un copilote dépressif avait délibérément fait s'écraser un avion de ligne dans les Alpes françaises, tuant les 150 personnes présentes à bord.
« Nous avons constaté que de nombreux pilotes actuellement aux commandes d'un avion présentent des symptômes dépressifs, et il se peut qu'ils ne cherchent pas un traitement en raison de la peur d'impacts négatifs sur leur carrière », a déclaré l'auteur principal de l'étude Joseph Allen, professeur adjoint de science de l'évaluation de l'exposition à l'Ecole de la santé publique T.H. Chan de l'Université Harvard à Boston. « Il y a un voile de secret entourant les problèmes de santé mentale dans le cockpit. Grâce à une enquête anonyme, nous avons pu nous prémunir contre les craintes des gens du fait de la stigmatisation et de la discrimination dans l'emploi », a expliqué un communiqué de Harvard.
Dans le sondage fait en ligne, réalisé entre avril et décembre 2015, les chercheurs ont interrogé un peu plus de 1 800 pilotes aux États-Unis, au Canada et en Australie au sujet de leur santé mentale. Les résultats ont montré que 12,6% des pilotes ont répondu aux critères de dépression probable et 4% ont déclaré avoir eu des pensées suicidaires au cours des deux semaines précédentes. Les pilotes masculins étaient plus susceptibles que les pilotes féminins de rapporter qu'ils avaient « presque tous les jours » des cas de perte d'intérêt, de sentiment d'échec, de difficulté à se concentrer et de pensée qu'ils seraient mieux morts.
Dans le même temps, selon les chercheurs, par rapport aux pilotes masculins, les pilotes féminins étaient plus susceptibles d'avoir eu au moins un jour de mauvaise santé mentale au cours du mois précédent, et étaient plus susceptibles d'avoir vu une dépression diagnostiquée chez elles. En outre, la dépression s'est avérée plus fréquente chez les pilotes qui ont utilisé plus de médicaments d'aide au sommeil et ceux qui ont été victimes d'un harcèlement sexuel ou verbal. Selon le premier auteur de l'étude, Alex Wu, celle-ci « souligne la prévalence de la dépression chez les pilotes -un groupe de professionnels responsables de milliers de vies chaque jour- et souligne l'importance d'évaluer avec précision la santé mentale des pilotes et de renforcer leur soutien pour un traitement préventif ».
L'étude a été publiée en ligne le 14 décembre dans la revue Environmental Health. Selon les chercheurs, environ 350 millions de personnes dans le monde souffrent de dépression, mais, selon l'Organisation mondiale de la santé, moins de la moitié reçoivent un traitement, en partie à cause de la stigmatisation sociale.