Dernière mise à jour à 15h42 le 13/07
En se rendant dans les montagnes tibétaines de la province du Sichuan, ou dans les villages les plus éloignés et accueillants du désert Kubuqi de la Mongolie intérieure... En tant qu'Africaine, venant du Burundi, j'y retrouve des similitudes avec ma petite commune, Kamenge (devenue une zone dans le nouveau système de réparition), située à 5 km au nord de la capitale burundaise, Bujumbura.
J'ai eu l'occasion de visiter l'école Orientale de Yili, construite par la population de la Mongolie Intérieure pour donner un avenir aux enfants du désert. Certes, je n'ai jamais expérimenté la vie dans un tel environnement, mais à travers les yeux et le sourire de ces jeunes du désert, je me suis remémorée l'école fondamentale Kamenge 2, que j'ai beaucoup suivie après les catastrophes des pluies violentes qui l'a complètement détruite en février 2014.
Une histoire qui montre que malgré les aléas de la vie, les activités continuent, surtout avec des personnes déterminées comme le Burundais Dominique Seseka, directeur de cette école et l'esprit d'entrepreneuriat de Zhao Yong, natif du désert de Kubuqi. Des gens qui n'abandonnent pas facilement malgré les défis, qui ont toujours su se surpasser.
Kamenge et les villages chinois
Que ce soit au niveau de la superficie ou du domaine économique, il est plutôt difficile de comparer la Chine au Burundi, encore moins une petite commune comme Kamenge à la grande cité qu'est Kubuqi. Mais, les peuples, les cultures et les sociétés chinoises se sont revélés semblables à ce que je connais chez moi. Par exemple, quand il s'agit de recevoir des invités, les Burundais offriront ce qu'ils auront de plus cher pour accueillir le nouveau venu, même si de leur côté ils doivent se priver. C'est aussi ce que j'ai retrouvé dans les villages désertiques et bourgades montagneux de Chine.
De plus, la diversité des cultures nous fait ressentir que l'Afrique à des milliers de kilomètres de la Chine, devient de plus en plus proche. Proche de la capitale burundaise, Kamenge est la seule localité où l'on retrouve une si grande diversité dans la population au niveau des langues, des cultures et des minorités.
Avec la politique coloniale, certaines ethnies étaient mieux favorisées que d'autres. Les Burundais ont été divisés afin que le colonisateur règne plus facilement, appelée la politique du «Divide et Impera». Les quartiers aussi étaient divisés en ethnies. Il fut un temps où Kamenge était méconnaissable. Bombardement de la commune, maisons brulées, écoles détruites, et les terrains de jeu transformés en champs de bataille. Tous avaient fui. Evoquer Kamenge était devenu tabou, zone oubliée pendant près de 5 ans, de 1993 à 1997. Puis le retour timide des habitants repeupla la petite cité. La Zone a été reconstruite avec les moyens du bord, et la vie redevint normale.
Aujourd'hui, il est étonnant de voir qu'à travers les conflits que vient de traverser le Burundi, Kamenge, en plus des Congolais venant de la RDC, des Tanzaniens, des Rwandais, a accueilli en 2015 des habitants de d'autres villes du pays. Un refuge et un endroit paisible où chacun se sent chez soi. Kamenge est redevenu comme avant, où encore plus modernisée. Des maisons à étages, des grandes propriétés, des bornes fontaines dans chaque rue, des écoles, des hôpitaux modernes et bien équipés, des rues pavées et des routes macadamisées, et bien sur les bars les plus branchés.
Il est heureux de voir combien le monde est petit, quand un résident de Kamenge, petite localité et quartier périphérique au nord de Bujumbura, puisse découvrir la grandeur et les similarités qu'une puissance mondiale comme la Chine peut partager avec une si petite cité.
Dans les villages de la province du Sichuan, souvent touchés par les éboulements et catastrophes naturelles, je me souviens avoir vu une vieille dame dans le village de Lushan m'approcher et me tenir la main. Une main forte exprimant que rien n'est encore perdu. Elle se retrouve aujourd'hui dans un village qui l'a accueillie après le drame, elle a probablement tout perdu, biens et famille, mais elle garde le sourire. Elle est belle dans sa vieillesse et me rappelle une grand-mère congolaise que je viens de perdre dans mon quartier, une grand-mère de plus de 90 ans (qu'on nommait KIYANA, pour dire jeune) qui m'a vu naitre et grandir et qui me répétait sans cesse que la vie est belle.
D'un Jumelage à une Ceinture et une Route
Les plus grandes nations ont commencé par être petites, et certains pays ont dû recourir à des politiques de réforme pour pouvoir quitter l'ancien système de pauvreté. La Chine en est témoin.
Il est vrai qu'actuellement le Burundi est encore une nation qui peut à peine pourvoir aux besoins de ses 10 millions d'habitants, mais je pense toujours qu'un jumelage avec la Chine peut apporter un plus pour ce petit pays, le Burundi, caché au fond du cœur de l'Afrique, juste à côté de la Tanzanie au Nord-Est. Cette dernière vient d'être dotée par la Chine d'un chemin de fer, pour relier la Zambie. Dans l'initiative chinoise ‘une Ceinture, une Route' pourquoi ne pas envisager la construction d'une autre voie ferrée qui partirait de la province de Muyinga (au nord-est du Burundi) pour rejoindre la Tanzanie ? Ainsi les opérations commerciales et les échanges entre les peuples s'effectueraient dans des conditions plus pratiques. Muyinga étant connectée à la province de Ngozi, la chaine serait plus longue, et toutes les nations limitrophes pourront en ainsi en bénéficier.
En discutant avec les collègues chinois, on constate que peu de médias chinois possèdent des correspondants au Burundi, d'où un manque d'information concernant la Chine dans notre pays.
Dans certains reportages, on apprend que seulement 450 Chinois résident au Burundi. Probablement un chiffre qui peut varier en fonction des arrivées et des départs, spécialement du côté des techniciens et des hommes d'affaires.
Cependant, je me souviens avoir vu un grand nombre de magasins chinois à Bujumbura, dont le fameux T-2000 qui vient de prendre feu il y a quelques mois mais qui s'est reconstitué en une semaine.
Certains s'étonnent de l'efficacité et de la compétence des Chinois. Chez nous, on pense qu'ils ne dorment jamais. S'ils entreprennent de construire un building, il est érigé très rapidement et l'accomplissement de leur projet est incomparable. Un échange d'expérience qui est un véritable atout pour le Burundi aujourd'hui partenaire de cette grande nation.
Que cela puisse profiter aux petits quartiers comme Kamenge, et que des amis Chinois viennent y vivre. On l'aura appris, la Chine est un exemple dans la capacité du travail, la détermination et le courage, des qualités essentielles qui conduisent au développement.
Blandine NIYONGERE
CAPC, Le Renouveau du Burundi