La nourriture gaspillée en Chine pourrait nourrir 30 à 50 millions de personnes

Selon un rapport publié lors d'un séminaire qui s'est tenu samedi à Beijing, les consommateurs chinois ont gaspillé entre 17 et 18 millions de tonnes de la nourriture servie dans plusieurs grandes villes en 2015, une quantité suffisante pour nourrir 30 à 50 millions d'individus chaque année.

« Cela équivaut au nombre total de personnes qui vivaient en Corée du Sud cette année-là [en 2015] », rapporte le professeur Wang Ling'en, chercheur éminent à l'Institut des sciences géographiques et de la recherche sur les ressources naturelles, un institut rattaché à l'Académie chinoise des sciences.

Parmi les quatre villes, soient Beijing, Shanghai, Chengdu et Lhasa, qui ont fait l'objet de cette étude en 2015, les légumes sont classés premiers dans la liste des aliments les plus gaspillés par les consommateurs et comptent pour 29% du total du gaspillage alimentaire.

L'étude récemment publiée par l'institut indique que les aliments de base, comme le riz et les nouilles, ainsi que la viande sont les deux autres types d'aliment qui sont principalement gaspillées, soit 24% du total du gaspillage alimentaire pour les aliments de base et 18% pour la viande.

Un tel gaspillage se produit en dépit des recommandations formulées par les experts qui invitent tout un chacun à avoir une alimentation simple et équilibrée en évitant de servir trop de plats à la fois, une recommandation qui s'adresse notamment à ceux qui sortent manger au restaurant avec leurs amis ou leur famille lors des fêtes.

Chose étonnante, l'étude révèle que chaque consommateur des villes citées plus haut jette en moyenne 93 grammes de nourriture par repas et que les cantines scolaires et les grands restaurants sont des endroits où l'on jette davantage de nourriture.

« En 2012, il fallait l'équivalent de 1,6 planète terre pour fournir les ressources et les services que l'humanité consomme chaque année », avertit Lu Sicheng, directeur général du Fonds mondial pour la nature (le WWF) en Chine. Cela signifie que les ressources naturelles étaient d'ores et déjà surexploitées dès 2012 et même les années auparavant.

Lu affirme que les gens mènent à bout les écosystèmes de notre planète où la production de nourriture nécessite l'exploitation de terres et d'eau fraîche. Réduire le gaspillage alimentaire est donc une priorité qui ne saurait être remise à plus tard.

Une série de manifestations sur le thème de « Finir de manger » ont été organisées dans l'ensemble du pays depuis la campagne « Finis ton assiette » lancée en 2013. Mais l'on ne peut, à l'heure actuelle, se contenter de cela et des efforts supplémentaires doivent être engagés pour accélérer la prise de conscience chez les prochaines générations et leur inculquer que la frugalité est une vertu et que le gaspillage est une faute. C'est en tout cas ce que clame le professeur Cheng Shengkui, principal investigateur de l'institut, dans un entretien accordé au China Daily en ligne.

Chaque partie du rapport d'étude s'étant appuyé sur une méthode scientifique, les autorités à tous les échelons pourraient aisément s'inspirer de ce travail et des données et outils analytiques qu'il propose pour mettre en place des mesures adaptées pour minimiser le gâchis alimentaire, comme l'explique le professeur Ge Quansheng, directeur général de l'institut, quand on lui demande quels points sont mis en lumière dans le rapport.

Le séminaire organisé conjointement par l'institut et le WWF a gagné le soutien de nombreuses organisations non-gouvernementales et entreprises, notamment le Bureau de politique environnementale des Nations Unis en Chine, la Fédération de l'environnement de toute la Chine et l'entreprise Walmart. Les participants à cet évènement devraient maintenant s'allier les uns aux autres pour fédérer leurs efforts et leurs idées afin de réduire au maximum le gaspillage alimentaire dans toute la Chine.

Selon Wang Shi, PDG du promoteur immobilier Vanke Foundation, parmi toutes les solutions disponibles pour s'attaquer au gaspillage alimentaire, faire la promotion d'habitudes alimentaires saines semble être la plus prometteuse.