Chine : des pêcheurs de l'Anhui abandonnent le navire

Wang Shengbao, un pêcheur de la province chinoise de l'Anhui (est), fait ses adieux à son bateau de pêche.

Acheté il y a moins de deux ans, son bateau de 18 mètres flotte maintenant sur un affluent, à environ un kilomètre du cours principal du Yangtsé, le plus long fleuve de Chine.

"J'ai commencé à pêcher à temps plein lorsque j'ai fini mes études au collège. J'avais 15 ans", se rappelle M. Wang, aujourd'hui âgé de 33 ans, ajoutant qu'il pêchait avec son père depuis son enfance.

Afin de protéger les stocks halieutiques du Yangtsé, une interdiction annuelle de pêche est en vigueur depuis 2003. Cette interdiction laisse les pêcheurs sans activité plusieurs mois par an. Cette année, elle a commencé le 1er mars et s'est achevée le 30 juin.

La pêche est totalement interdite dans 332 réserves du bassin du fleuve, y compris au bourg de Datong, d'où est originaire M. Wang. Datong, qui dépend de la ville de Tongling, se trouve dans une réserve de marsouins aptères.

Par conséquent, un total de 235 pêcheurs sont obligés de rechercher d'autres moyens de gagner leur vie ou doivent attendre 2019 pour recommencer à pêcher.

"J'étais un peu triste, mais je comprends la nécessité de protéger le fleuve", explique M. Wang.

"Il y a beaucoup moins de poissons dans le fleuve qu'il y a dix ou vingt ans. A cette époque, nous rentrions avec le bateau plein, malgré des équipements de pêche médiocres. Aujourd'hui, même avec des équipements avancés, nous n'attrapons plus autant de poissons", déplore-t-il.

Une enquête sur les ressources halieutiques montre qu'il y avait autrefois 86 espèces de poissons dans la section de Tongling du fleuve Yangtsé, y compris trois espèces protégées. En 2014, ce nombre avait presque diminué de moitié.

Conscient que sa carrière de pêcheur touchait à sa fin, M. Wang a élaboré de nouveaux projets et s'est tourné vers la pisciculture.

"Je gagne plus d'argent grâce à la pisciculture que quand je pêchais sur le fleuve", se félicite-t-il.

Il a également de grands projets pour l'avenir, avec le tourisme rural, la pêche récréative et une maison d'hôtes dans sa ferme.

Par ailleurs, Zhang Xianmin, âgé de 52 ans, qui pêchait dans la section d'Anqing du Yangtsé, a jeté l'ancre de son bateau de pêche et rejoint une équipe de patrouille pour protéger le marsouin aptère il y a un an.

Le marsouin aptère est en danger critique d'extinction. Pour de nombreuses raisons, sa population a rapidement diminué.

"Mon rôle a complètement changé", souligne M. Zhang. "Nous devons cesser d'abuser de notre fleuve mère et le protéger."

D'ici la fin de l'année, davantage de pêcheurs auront, à l'instar de M. Zhang, abandonné la pêche et rejoint l'équipe de patrouille.