Dernière mise à jour à 16h31 le 26/09
Les ascenseurs installés dans les bâtiments résidentiels anciens facilitent la vie des personnes âgées. C'est le cas de Li Baozhen, qui habite dans le quartier de Hongkou, dans le centre-ville de Shanghai. Pendant des décennies, cette femme de 93 ans s'est sentie comme piégée et isolée du reste du monde car il n'y avait pas d'ascenseur dans son immeuble pour desservir son appartement du sixième étage.
Mais tout a changé en février de cette année lorsqu'un ascenseur a été installé dans l'immeuble résidentiel, construit il y a près d'un demi-siècle, lui permettant désormais d'éviter les nombreux escaliers qui étaient auparavant le seul moyen d'accès. Au cours de la dernière décennie, la montée et la descente des escaliers était devenue une tâche difficile pour Mme Li, ce qui faisait qu'elle ne descendait qu'une fois par jour en utilisant une canne pour se soutenir.
« Je me sens libre maintenant que je peux sortir aussi longtemps que je le souhaite », a-t-elle déclaré.
Le cas de Mme Li n'est hélas pas isolé. Les statistiques montrent ainsi qu'à Shanghai, il existe plus de 220 000 bâtiments résidentiels à plusieurs étages sans ascenseur.
« Environ 70% des habitants de ces bâtiments sont des personnes d'âge moyen ou âgées, pour qui grimper des escaliers est une véritable torture physique », a souligné Zhang Jianxin de Jia Jia Le, la première agence de services sociaux à Shanghai fournissant une aide professionnelle aux personnes qui ont besoin d'ascenseurs dans leurs bâtiments. Libérer ces résidents -en particulier les personnes âgées- de l'escalier en installant des ascenseurs dans les vieilles résidences à plusieurs étages est devenu une tâche importante à Shanghai et dans de nombreuses autres villes -toutes comptent en effet une population de plus en plus vieillissante.
En raison de l'environnement économique sous-développé de l'époque, ces bâtiments de six ou sept étages ne sont pas équipés d'ascenseurs et ne disposent que d'escaliers, avec deux ou trois petits appartements de 25 à 60 mètres carrés à chaque étage.
« Bien qu'ils ne soient pas aussi décoratifs que les immeubles commerciaux de grande hauteur construits au 21e siècle, ces vieux bâtiments restent toutefois toujours le meilleur choix pour les personnes âgées du fait de leurs frais de gestion réduits -moins de 10 yuans par mois- et de leur emplacement pratique, car ils sont souvent situés près des marchés, des magasins et les transports publics », a souligné M. Zhang.
En outre, en raison du développement économique rapide d'aujourd'hui, la flambée des prix des logements a dissuadé nombre d'entre elles de changer de logement ou de louer un appartement relativement récent. Selon M. Zhang, cela a conduit à ce que 70% des habitants des 220 000 bâtiments résidentiels de Shanghai sans ascenseur soient des personnes âgées.
Constatant les difficultés rencontrées par ce groupe de personnes, Beijing est devenue en 2009 la première ville du pays à faire face à ce problème. Selon des statistiques du Bureau de la supervision de la qualité à Beijing, 150 000 bâtiments anciens de six étages au total nécessitent actuellement des ascenseurs et répondent aux conditions requises pour leur installation. La capitale prévoit de lancer plus de 400 projets d'installation d'ascenseurs et d'en terminer pas moins de 200 cette année. La ville s'est également fixé comme objectif d'ajouter plus de 1 000 ascenseurs dans des bâtiments de plusieurs étages d'ici 2020.
Ailleurs dans le pays, de nombreuses autres villes telles que Tianjin, Chongqing et Wuhan ont également élaboré des politiques et des lignes directrices connexes pour soutenir les projets d'installation d'ascenseurs dans les bâtiments anciens au cours des dernières années. Ainsi, Shanghai a publié pour la première fois en 2011 des lignes directrices pour l'installation d'ascenseurs dans les bâtiments résidentiels anciens à plusieurs étages. Ces textes décrivent des éléments tels que les conditions d'installation, la répartition des coûts et la sécurité incendie.
Cependant, malgré le soutien du gouvernement, ces actions n'ont pas été aussi efficaces que prévu. Par exemple, il a fallu près de quatre ans à Shanghai pour installer son premier ascenseur dans un immeuble résidentiel ancien. Le bâtiment n° 7 à sept étages de Nujiang Yuan, dans le quartier de Putuo, est devenu le premier du genre à avoir vu un ascenseur installé en 2015.
Mais les obstacles se sont révélés réels et difficiles à éliminer. Par exemple, selon la politique édictée à Shanghai, 90% des résidents de l'immeuble et les deux tiers des habitants du quartier doivent être en faveur d'une proposition d'installation d'un ascenseur. Si les 10% restants des résidents sont contre cette proposition, celle-ci sera alors rejetée.
Le problème est qu'un tel consensus peut être difficile à obtenir.
Par exemple, de nombreux résidents habitant au rez-de-chaussée ne sont pas d'accord avec l'ajout d'un ascenseur car il risque de bloquer la lumière du soleil et la ventilation et de générer du bruit. Et selon Shi Jiankang, vice-président de l'Association des ascenseurs de Kunming, certains sont également préoccupés par le prix de leur logement : « Avant l'ajout d'un ascenseur, les appartements du premier et du deuxième étage sont plus chers que ceux des cinquième et sixième étages, car les résidents n'ont pas besoin de monter les escaliers. Mais après la construction, la situation des prix est inversée ».
Le partage des coûts est un autre problème majeur source de différends, a ajouté M. Shi. Ainsi, selon la politique actuelle, le gouvernement ne donne pas plus de 240 000 yuans pour l'installation de chaque ascenseur, ce qui signifie que le reste des coûts -de 260 000 à 460 000 yuans environ- doit être couvert par les résidents eux-mêmes.
C'est ce qui explique qu'il a fallu un an au bâtiment de Nujiang Yuan et près de 30 réunions auxquelles ont participé des fonctionnaires de la ville et des résidents du quartier pour parvenir à un consensus parmi les 12 ménages vivant dans l'immeuble. Ils ont finalement convenu que les résidents vivant dans les étages supérieurs paieraient plus que ceux vivant dans les étages inférieurs et que les résidents du premier étage n'auraient pas à payer du tout.
Cet accord est devenu une référence pour les futurs projets à suivre. Mais outre les obstacles interpersonnels et économiques, la faible efficacité du gouvernement en la matière a également causé des problèmes.
Selon Gong Jianhao, qui a proposé un projet d'ascenseur dans un bâtiment situé Wenshui East road dans le district de Hongkou, en 2013, il a passé trois ans à communiquer avec différents bureaux et services du gouvernement. « Il ne nous a fallu que quelques mois pour résoudre les problèmes avec les résidents, mais cela a pris des années de négociations avec le gouvernement », a dit M. Gong. « Je suis même allé jusqu'à l'administration météorologique et au bureau de géologie pour obtenir une autorisation ».
L'ascenseur a finalement été installé en février.
Reconnaissant les obstacles administratifs, le gouvernement, désireux de construire une ville pratique pour les personnes âgées, a réduit les 16 cachets officiels nécessaires pour obtenir une approbation à 15 en 2016, puis mis en place le bureau Jia Jia Le pour aider les résidents. Avec l'aide de l'agence, depuis son ouverture à Hongkou en mars, 5 nouveaux bâtiments ont vu l'installation d'un ascenseur, 3 autres sont en construction et 19 sont en cours de préparation dans le district.
À l'instar de Hongkou, d'autres districts de Shanghai ont lancé des projets pilotes au cours des deux dernières années. Les données officielles ont ainsi montré que 12 ascenseurs ont été installés dans des bâtiments résidentiels à plusieurs étages, avec un total de 43 ascenseurs prévus en mai dernier.