Cinquième producteur mondial derrière la côte d'Ivoire, le Ghana, l'Indonésie et le Nigeria, le Cameroun annonce le lancement d'un programme de transformation locale de cacao, pour l'heure de l'ordre de 15,6% de la part de l' industrie locale pour une production nationale annuelle estimée à 209.905 tonnes de fèves lors de la campagne écoulée 2013-2014.
En abrégé Transfol, le programme de promotion de la transformation locale, à accroître la productivité et la compétitivité de la filière cacaoyère camerounaise en "facilitant l'implantation de petites unités qui transforment les fèves en masse, en pâte ou en liqueur de cacao", selon Omer Gatien Maledy, secrétaire exécutif du Conseil interprofessionnel du cacao et du café (CICC), son initiateur.
A ce jour, le Cameroun dénombre cinq entreprises de transformation industrielle, dont la Société industrielle de commercialisation des cacaos (Sic Cacaos) et la Chocolaterie du Cameroun (Chococam), les pionnières, filiales respectives des multinationales suisse Barry Callebaut et sud-africaine Tiger Brands, puis Cameroon Investment Company créée par la Compagnie chérifienne de chocolaterie du Maroc.
D'après les statistiques officielles publiées par le CICC, le volume de fèves broyées pour la première transformation ( fabrication de la pâte, du beurre et de la poudre) par ces opérateurs au cours de la campagne 2013-2014 s'élève à 32.792 tonnes, soit un taux de 15,6% pour une production nationale de l' ordre de 209.905 tonnes, contre 174.629 tonnes de fèves exportées sur le marché international.
Flattés par l'annonce de nouveaux projets de création d' industries,les pouvoirs publics s'étaient fixé un objectif de transformation de 50.000 tonnes lors de cette saison. Parallèlement, la transformation artisanale est estimée à 1%, soit environ 20 tonnes.
Pour le CICC, le programme Transfol se propose de créer de la valeur ajoutée dans la filière cacaoyère camerounaise et à répondre à la préoccupation selon laquelle "dans certains pays (en l'occurrence africains) l'augmentation de la transformation n'a pas de réel impact sur les revenus des producteurs".
Pour ce faire, ce programme s'adresse aux organisations de producteurs que cet organisme sous tutelle du ministère du Commerce se veut "bien structurées et fiables" pour un accompagnement par une prise de participation dans le capital prévu pour un transfert intégral à la structure bénéficiaire au bout de trois à quatre ans,après amortissement des équipements, explique M. Maledy.
Parmi les objectifs déclarés, il est question, a-t-il précisé lors de la troisième édition du Festival de cacao (Festicacao 2014) tenue jeudi à Yaoundé, d'intégrer davantage les producteurs dans la chaîne de valeur, de créer des partenariats équitables entre producteurs et investisseurs, d'améliorer la qualité et le label " Cameroun" pour les fèves d'exportation et d'augmenter les revenus des producteurs.
C'est une opération qui s'intègre dans un vaste chantier de relance de la cacaoculture après une période de morosité consécutive à la crise économique et financière de 2008 accompagnée d'une chute drastique des cours de cacao amèrement vécue par les planteurs.
En vue de suivre la mouvance mondiale d'augmentation de la production estimée à 4,365 millions de tonnes dont 73% fournie par l'Afrique en 2013-2014, le Cameroun a établi un cap de 600.000 tonnes de production annuelle à l'horizon 2020 pour une transformation locale de 50% et mise sur l'attrait des jeunes pour cette activité.
Depuis trois ans, le CICC met en oeuvre programme spécifique dédié à cet objectif : New Generation, qui prévoit d'offrir un encadrement simultané à 600 jeunes dès la campagne nouvelle 2014- 2015 pour permettre la création de 900 hectares de nouvelles plantations chaque année. D'ores et déjà, l'on annonce 566 hectares de ces exploitations mises sur pied ou en cours.
Un financement de 125.000 dollars, soit l'équivalent de 62,5 millions de francs CFA, a été octroyé par la World Cocoa Foundation au profit de 50 jeunes sélectionnés dans le cadre de ce programme qui entend aider à relever le défi du vieillissement des producteurs et du verger de la cacaoculture au Cameroun, par ailleurs caractérisée par des méthodes de travail archaïques.
Pratiquée par 400.000 familles de producteurs, elle demeure cependant une des principales sources de devises de ce pays d' Afrique centrale où elle représente 28% de la valeur totale des exportations non pétrolières, 2% du PIB (produit intérieur brut), 6% du PIB primaire et environ 30% du sous-secteur des produits agricoles destinés à l'exportation et à la transformation, d'après les statistiques officielles.
Par Raphaël MVOGO