Ablassé Ouédraogo, ancien ministre des Affaires étrangères du Burkina Faso, sous régime du président déchu Blaise Comparé, investi candidat à la présidentielle du 11 octobre prochain par sa formation politique " Le Faso Autrement", a tenu des propos jugés "sectaires" par les internautes, la presse et les populations en général.
Répondant la question du journal "Jeune Afrique" sur ses chances de réussite, M. Ouédraogo a indiqué posséder "trois atouts principaux" qui pourraient militer en sa faveur.
"Je suis Moaga du Plateau central, et les Mossis sont une forte composante du Burkina Faso. Je suis aussi musulman, ce qui n'est pas rien dans un pays où 70% des gens le sont également. Enfin, comme je vous l'ai dit, j'ai un vaste réseau de relations utiles dans le cadre de la diplomatie de développement que nous souhaitons mettre en place", a-t-il déclaré.
Cette intervention de M. Ouédraogo a créé des réactions virulentes sur les réseaux sociaux et dans la presse.
"Le Burkina n'a pas besoin de ségrégation ethnique ou religieuse", s'est insurgé le quotidien Notre Temps, l'accusant de violer la Constitution et de troubler l'ordre public.
Qualifiant M. Ouédraogo de "prophète de l'ethnicisme", le quotidien Notre Temps dans un éditorial que depuis l'indépendance du pays, "c'est la première fois, que l'on entend un discours aussi révoltant, répugnant, nauséabond de la part d'un homme politique".
Sur le même sujet, le quotidien L'Observateur Paalga s'est demandé: "quelle mouche a pu bien piquer ce diplomate chevronné pour qu'il manipule de façon aussi désinvolte des sujets potentiellement inflammable que sont l'ethnie et la religion dans nos nations toujours en construction et par ces temps qui courent? "
Qualifiant les propos de Ouédraogo de "faute politique insupportable", L'Observateur Paalga dit ne pas comprendre que ces propos soient sortis de la bouche d'un homme politique "aussi intelligent et pétri d'expérience qui pense avoir un destin présidentiel".
Pour le journal, son affaire est mal engagée, car en faisant grincer sa fibre "mossicentriste", il indispose ipso facto ceux qui sont exclus, y compris au sein de sa propre formation politique où il va créer plus qu'un malaise.
Economiste de formation, M. Ouédraogo, âgé de 62 ans, a été pendant cinq ans (1994-1999) ministre des Affaires étrangères de Blaise Compaoré, dont il est devenu ensuite un conseiller, avant d'être nommé numéro 2 de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).
"A lire l'interview de ce grand homme, un intellectuel mondialement connu qui prétend séparer son peuple en parlant d'ethnies et de religion comme facteurs le favorisant, c'est décevant", s'offusque un internaute.
Un autre intervenant a, par contre, pointé du doigt la responsabilité sociale des médias en ces termes : "Nous ne devons pas laisser des médias étrangers, si célèbres soient-ils, semer, par leurs publications, les graines de la haine dans notre pays".
Le Burkina Faso doit organiser des élections présidentielle et législatives, le 11 octobre prochain, et municipales, le 31 janvier 2016, pour mettre fin à un an de transition entamée après la chute du président Blaise Compaoré, chassé du pouvoir par la rue le 31 octobre, après 27 ans de règne. Plus d'une demi-douzaine de candidats ont annoncé leur candidature.