A quatre mois de l'élection présidentielle, trois officiers de l'armée du Burkina Faso ont déjà annoncé leur candidature à la présidentielle du 11 octobre prochain, sur un total de sept candidats investis par leurs formations politiques, alors que leur présence sur la scène politique fait l'objet de vives polémiques dans un pays qui n'a connu que deux présidents civils depuis son indépendance en 1960.
Le général Djibril Bassolé (dernier chef de la diplomatie de Blaise Comparé), le colonel Yacouba Ouédraogo (dernier ministre des Sports de Comparé) et le colonel Jean-Baptiste Natama (ancien directeur du cabinet de la présidente de la Commission de l'UA et proche de Comparé), ont dévoilé leur intention de briguer la magistrature suprême.
Après le renversement du premier président burkinabè Maurice Yaméogo le 3 janvier 1966, par une insurrection populaire, ce sont des militaires qui se sont succédé à la magistrature suprême jusqu' en octobre 2014.
Il s'agit du général Sangoulé Lamizana (1966-1980), du colonel Saye Zerbo (1980-1982), du médecin militaire, Jean-Baptiste Ouédraogo (1983-1984), du capitaine Thomas Sankara (1984-1987), du capitaine Blaise Comparé (1987-2014).
Les députés du Conseil national de la transition (CNT, Parlement intérimaire) ont voté, vendredi dernier, une loi obligeant les militaires souhaitant entrer en politique de démissionner auparavant l'armée.
Le général Djibril Bassolé et le colonel Yacouba Ouédraogo ont pris chacun une disponibilité alors que le colonel Jean-Baptiste Natama se présente comme un "radié" de l'armée nationale. Néanmoins la non-rétroactivité de la loi leur permet, s'ils démissionnent, de postuler à l'élection à venir.
Issouf Traoré, doctorant en sociologie politique à l'université de Ouagadougou, estime que "les militaires qui s'agitent présentement veulent continuer en fait l'oeuvre de l'ancien régime ".
Pour éviter la continuité du système de Comparé, a poursuivi l' universitaire, les nouvelles autorités doivent "surveiller de près" ces anciens compagnons de M. Compaoré, car cette flopée de candidatures militaires peut être commanditée par le clan Comparé afin de perturber les élections à venir.
"Il s'agit d'une stratégie mise en oeuvre depuis la Côte d' Ivoire pour préparer le second tour à la présidentielle", a déclaré le politologue.
Le président de la transition Michel Kafando a promulgué un nouveau code électoral qui exclut des prochaines élections tous ceux qui ont oeuvré, l'année dernière, à la modification de la Constitution pour permettre à l'ancien président Blaise Comparé de briguer un troisième mandat.
Pour l'heure, les Burkinabè restent suspendus à la décision du Conseil constitutionnel qui tranchera de la légalité des candidatures à la présidentielle.