Des centaines de Rwandais ont manifesté devant l'Ambassade britannique à Kigali mercredi suite à l'arrestation la semaine dernière par les forces de l'ordre britanniques du chef du renseignement rwandais, le général Karenzi Karake.
Les manifestants scandaient des slogans condamnant le "mépris" du Royaume-Uni et brandissaient des portraits du responsable rwandais arrêté, qualifié de "héros de la liberté" du pays.
Plusieurs boutiques et bureaux étaient fermés cet après-midi pour cette manifestation, la dernière en date d'une série de manifestations approuvées par le gouvernement depuis l'arrestation du général Karake à son embarquement d'un vol de Londres vers Kigali samedi dernier.
Ces manifestations ont été organisées suite à la déclaration de la ministre rwandaise des Affaires étrangères et de la Coopération, Louise Mushikiwabo, qui a estimé mardi que les abus des systèmes judiciaires des puissances occidentales devraient cesser après l'arrestation de ce chef du renseignement.
Le haut-responsable rwandais a été arrêté suite à l'émission d'un mandat d'arrêt par un juge espagnol, et la Haute commission britannique à Kigali a publié un communiqué confirmant son arrestation par la police métropolitaine britannique le 20 juin sur la demande des autorités espagnoles.
"Il s'agit d'une obligation légale, suite à l'émission d'un mandat d'arrêt européen valide", indique ce communiqué, tandis que Mme Mushikiwabo a condamné cette arrestation, dénonçant une solidarité occidentale inacceptable pour humilier les Africains.
"C'est un scandale d'arrêter un responsable rwandais pour des divagations génocidaires", a déclaré Mme Mushikiwabo, apparemment en référence à une fuite d'informations sur des rapports de l'ONU en 2009.
Dans un message sur son compte twitter, le ministre rwandais des Affaires étrangères a remis en cause la crédibilité du pseudo- acte d'accusation publié par ce juge espagnol, soulignant que "du point de vue de l'Afrique, l'Europe n'est pas un modèle d'équité".
"La solidarité occidentale pour humilier les Africains est inacceptable", a déclaré Mme Mushikiwabo, ajoutant que les abus de la justice de puissances occidentales devraient cesser.
De son côté, la chambre basse du Parlement rwandais a décidé de convoquer le Haut commissaire britannique William Gelling pour l'informer des mesures adoptées après l'arrestation du chef des Services nationaux de renseignement et de sécurité par la police britannique à Londres.
Cette résolution du Parlement fait suite à une motion présentée par le vice-président du Parlement rwandais Abbas Mukama suite à cette action des autorités britanniques considérée comme une trahison politique à l'égard du Rwanda.
Le président du Parlement rwandais, Donatille Mukabalisa, s'est interrogé sur la raison pour laquelle des responsables britanniques ont décidé d'arrêter ce responsable rwandais alors qu'il y a des milliers de personnes responsables de génocide à l'encontre des Tutsis qui continuent de bénéficier de la protection de pays européens, dont le Royaume-Uni.
Par ailleurs, le gouvernement a contacté les autorités britanniques et demandé des clarifications sur ce qu'elle a qualifié "d'enlèvement d'un haut responsable de la sécurité".
"Le Rwanda gère la question avec le gouvernement britannique. Ils ont plus de détails sur l'évolution de cette situation", a déclaré le ministre rwandais de la Justice, Johnston Busingye.