Dernière mise à jour à 09h04 le 06/03
Des scientifiques chinois affirment qu'ils ont créé et testé les premiers nanorobots d'ADN autonomes au monde pour combattre les tumeurs cancéreuses, ouvrant la voie à de potentielles percées révolutionnaires dans le traitement des maladies malignes.
Plusieurs scientifiques du Centre national pour les Nanosciences et les Technologies ont mené la recherche et ont coopéré avec des confrères de l'université d'État de l'Arizona pour améliorer la conception des nanorobots. L'étude scientifique a été publiée le mois dernier dans la revue Nature Biotechnology.
Un nanorobot est un système conçu pour accomplir certaines missions spécifiques à une échelle microscopique.
Selon le chercheur Ding Baoquan, le nanorobot constitué d'ADN possède une structure tubulaire dont le diamètre avoisine les 19 nanomètres et la longueur les 90 nanomètres.
« C'est environ 5000 fois plus petit que la pointe d'une aiguille », explique M. Ding.
Le nanorobot peut circuler à travers le système sanguin pour rechercher des tumeurs. Une fois la tumeur détectée, il relâche alors une charge de thrombine, un agent de coagulation sanguine, directement dans la partie cancéreuse pour couper son alimentation en sang, « affamant » ainsi la tumeur maligne et provoquant sa mort.
Le nanorobot d'ADN est un élément biocompatible et biodégradable qui quitte le corps humain après avoir accompli sa mission.
Les nanotechnologies apportent de nouvelles opportunités à l'industrie médicale. La recherche a commencé il y cinq ans, quand des chercheurs du centre avaient d'abord envisagé de couper l'alimentation en sang de la tumeur à l'aide de nanotransporteurs constitués d'ADN.
M. Ding explique que l'idée d'utiliser des nanorobots dans le domaine médical avait d'abord été imaginée à la suite d'expériences réalisées dans des éprouvettes, et à présent, pour la première fois, les expériences sont conduites dans des organismes vivants dont les environnements biologiques sont extrêmement sophistiqués et hors de tout contrôle.
La recherche a évalué le travail des nanorobots chez des souris atteintes de tumeurs. Les nanorobots d'ADN furent introduits à l'intérieur de souris et les résultats ont montré un recul net de la tumeur, voire même souvent sa régression totale, en l'espace de quelques jours ou quelques semaines.
Selon le scientifique Zhao Yuliang, l'équipe a également conduit de vastes études de sécurité sur les nanorobots chez deux mammifères différents, dont un cochon nain de race Bama, qui est physiologiquement et anatomiquement similaire à l'homme.
« Contrairement à la chimiothérapie et à la radiothérapie, les nanorobots d'ADN sont capables de traiter les tumeurs sans endommager les tissus parfaitement sains qui se trouvent autour. Il n'y a pas d'accumulation des nanorobots dans le cerveau et donc pas de risque d'AVC », poursuit M. Zhao.
Nie Guangjun, un autre membre de l'équipe, pense qu'il s'agit d'une étape importante dans la recherche contre le cancer, un domaine qui n'a cessé de se développer depuis plusieurs dizaines d'années pour mettre au point des thérapies efficaces.
« Notre recherche montre que les nanotransporteurs formés d'ADN constituent une thérapie saine et efficace contre le cancer », affirme Nie.
« Nous travaillons avec une entreprise de la biotech pour mener des études précliniques et nous espérons ainsi pouvoir un jour faire de cette technologie révolutionnaire une thérapie viable contre les tumeurs. »