Dernière mise à jour à 08h56 le 12/10
Une étude du génome de plus de 140 000 personnes a considérablement élargi les connaissances de la Chine sur sa vaste population et ses groupes ethniques.
Les études précédentes sur la population chinoise ne concernaient que des milliers de personnes, principalement des Chinois Han de la côte est.
Cette étude, la plus importante du genre à ce jour concernant la population chinoise, a été réalisée par l'Institut de génomique de Beijing (BGI), basé à Shenzhen, et publiée dans la revue universitaire internationale Cell le 4 octobre.
« Cette étude est importante pour le développement du secteur médical et de la gestion de la santé en Chine, qui s'appuie depuis longtemps sur des technologies et des études étrangères, car nous ne disposions pas de suffisamment de données de la population chinoise sur lesquelles travailler », a déclaré Xu Xun, Président de BGI Research et auteur principal de l'étude.
L'étude a découvert la structure génétique des divers groupes ethniques, trouvé six gènes présentant des différences significatives entre les personnes d'une latitude à l'autre et identifié les schémas de flux de gènes entre les Européens, les Asiatiques du sud, les Asiatiques de l'est et les Chinois.
Par exemple, les habitants du sud de la Chine ont développé une immunité contre le paludisme plus forte que ceux du nord, tandis qu'un gène lié au métabolisme des acides gras a une fréquence beaucoup plus élevée dans la plupart des provinces du nord. En outre, il s'est avéré que les habitants des provinces du Gansu et du Qinghai, une zone clé de la Route de la soie, partagent davantage de gènes similaires avec les Européens.
L'étude a également découvert de nouvelles associations parmi les Chinois entre des gènes et des affections telles que des malformations congénitales, des maladies infectieuses et des cancers.
Parallèlement, a souligné M. Xu, environ 78% des études dans le monde sur les relations entre gènes et maladies sont basées sur des individus européens.
Les dernières données couvrent les 31 unités administratives de niveau provincial de la partie continentale de la Chine et couvrent les Chinois Han ainsi que 34 minorités ethniques.
« Dans les trois prochaines années, le BGI prévoit d'étendre encore la base de données à 1 million », a encore annoncé M. Xu. Le BGI a lancé son projet « Million Chinese Genome » en 2016 et la présente étude en représente la première phase. L'étude génomique au niveau national a été largement appréciée en tant que facteur déterminant de la compétence fondamentale d'un pays dans le domaine biomédical.
Au Royaume-Uni, leader dans ce domaine, une étude sur 500 000 échantillons est terminée et un autre projet basé sur une population de cinq millions d'habitants a été annoncé plus tôt ce mois-ci.
De leur côté, les chercheurs de BGI ont admis qu'il existait encore un fossé entre la recherche génétique en Chine et celle en Europe et aux États-Unis, mais ont toutefois souligné qu'il se rétrécissait.