La démission de l'actuel gouvernement tunisien annoncée et présentée officiellement mardi au président de la République a été attendue par la majorité des acteurs politiques du pays dans la mesure où le cabinet apolitique proposé par le Premier ministre démissionnaire Hamadi Jebali n' est pas parvenue à rassembler une majorité parlementaire malgré un fort appui de l'opposition.
"La démission du chef du gouvernement était prévisible vu le refus des principales forces de son initiative" de former un nouveau cabinet de technocrates, selon le coordinateur général de l' Alliance démocratique Mohamed Hamdi.
De même, "la démission de Hamadi Jebali n' était pas un surprise" pour le parti islamiste majoritaire Ennahdha dont le président de son bureau politique Amer Arayedh a affirmé que le Premier ministre sortant "avait déjà annoncé son intention de démissionner en cas d' échec de son initiative".
Admettant qu' un gouvernement de technocrates "ne répond pas aux besoins de la situation", d' après M. Arayedh, Ennahdha propose de former plutôt un gouvernement renforcé par les principales forces politiques du pays et de l' Assemblée constituante.
L' Un des alliés d' Ennahdha, le Congrès pour la République (parti du chef d' Etat) a quant à lui minimisé l' impact de la démission du Premier ministre Hamadi Jebali en la considérant comme "l' un des acquis du régime démocratique né en Tunisie", s' est exprimé le secrétaire-général adjoint de ce parti Imed Daïmi. Ce dernier a estimé que la crise serait résolue dans les 72 heures qui viennent.
Quant au Forum démocratique pour le Travail et les Libertés (parti du président de la Constituante), il a appelé le mouvement Ennahdha à remplir ses promesses concernant la neutralité des ministères de souveraineté (Justice, Intérieur et Affaires étrangères).
"La démission du chef du gouvernement ne donnera pas lieu à un vide politique ou administratif puisque le fonctionnement normal du gouvernement se poursuivra sous forme de gestion des affaires courantes du pays", selon Khalil Zaouia, ministre des Affaires sociales sortant et dirigeant au sein du Forum démocratique pour le Travail et les Libertés.
Etant l' un des principales forces politiques de l' opposition, le parti Appel de Tunisie a imputé l' échec de l' initiative de Hamadi Jebali aux deux partis Ennahdha et le Congrès pour la République. ce parti de l'opposition a également condamné l' instrumentalisation de cette initiative pour absorber la colère populaire suite à l' assassinat de l' opposant Chokri Belaïd (le 6 février 2013).
"La démission de Hamadi Jebali fait suite à l' échec de son initiative et que le pays est entré dans une nouvelle étape après sa démission", a déclaré le porte-parole de l' Appel de Tunisie Lazhar Akermi.
Attendue par la majorité de la classe politique tunisienne, la démission du Premier ministre Hamadi Jebali, qui a toutefois exigé des conditions pour sa reconduction, a donné lieu à une autre polémique autour du profil du nouveau Premier ministre, les critères de sélection de ses ministres, le délai de son mandat, ses prérogatives mais surtout son programme d' action et sa capacité de faire réunir tous les courants politiques sur la même direction menant aux prochaines élections.