Convoqués par le mouvement Ennahdha majoritaire au pouvoir en Tunisie, plusieurs milliers de manifestants pro-islamistes et représentants du courant salafiste venus de plusieurs provinces de la Tunisie se sont rassemblés samedi à l'avenue Bourguiba au coeur de Tunis pour défendre le droit du parti islamiste majoritaire de diriger le pays, la légitimité de l'Assemblée constituante, l'union nationale mais également pour exprimer leur opposition à l'initiative d'un gouvernement apolitique proposé par le Premier ministre Hamadi Jebali il y a quelques jours.
Principal artère du centre-ville de Tunis, l'avenue Bourguiba était remarquablement "aménagé" pour abriter cette manifestation attendue depuis environ une semaine avec des installations sonores, des livres exposés quelques part, des banderoles et un drapeau grand-format du mouvement islamiste Ennahdha qui couvrait en partie la façade du fameux Théâtre municipal de Tunis, a constaté le correspondant de l'Agence de presse Xinhua.
Bon nombre de partisans d'Ennahdha ont également scandés des slogans hostiles à certaines personnalités et certains partis politiques de l'opposition, essentiellement Béji Caïd Essebsi, président du parti "Appel de Tunisie" et ex-Premier ministre ainsi que Kamel Morjane, président du parti "Moubadara" et ancien chef de diplomatie sous le régime Ben Ali.
Parmi les slogans "Oui à l'immunisation de la révolution", "ni Béji, ni Kamel.. islamisme à jamais", "le peuple veut... Ennahdha de nouveau", "le peuple veut.. Ennahdha en acier", "avec la légitimité et l'union nationale" (..).
Ecrivain tunisien et retraité de l'enseignement, Mohamed Mokhtar Guellali était l'un des manifestants à l'avenue Bourguiba pour exposer son livre intitulé "Forces antirévolutionnaire en Tunisie" coédité en octobre 2012.
"Il s'agit d'une lecture dans le paysage politique post- révolution en Tunisie", a déclaré à Xinhua M. Guellali.
Plusieurs forces politiques, a-t-il indiqué, ont fait apparition après le 14 janvier 2012 et ayant travaillé contre les objectifs de la révolution tunisienne.
Citant l'ex-Premier ministre tunisien Béji Caïd Essebsi et actuel leader du parti Appel de Tunisie (opposition), M. Guellali a estimé qu'"il s'agit de l'un des symboles de ces forces contre- révolutionnaire".
Une majorité de manifestants n'a pas manqué d'afficher leur mécontentement quant à la décision de l'actuel Premier ministre Hamadi Jebali de former un nouveau gouvernement de technocrates.
D'autres partisans d'Ennahdha ont même appelé à "écarter M. Jebali" de son poste de secrétaire général d'Ennahdha.
Cette manifestation, qui a observé une présence sécuritaire progressivement intense, a été marquée par des discours prononcés par de hauts cadres hiérarchiques d'Ennahdha à leur tête le numéro un du mouvement Rached Ghanouchi, qui a appelé les Tunisiens à éviter la violence tout en s'exprimant contre la proposition du secrétaire général du son parti Hamadi Jebali relative à la formation d'un gouvernement apolitique, une initiative qui constitue, selon M. Ghanouchi, un "coup contre la légitimité de la Constituante".