Les autorités éthiopienne et djiboutiennes qui se retrouvent régulièrement s'activent de plus en plus en ce moment afin de mettre à plat les dernières contraintes avant le lancement du chantier de la nouvelle ligne de chemin de fer reliant ces deux pays de l'Afrique de l'est. Et ce, plus d'une décennie après l'arrêt de l'ancienne ligne ferroviaire.
Ce projet de construction d'un nouveau tronçon ferré reliant Djibouti à Addis Abeba en passant par la ville éthiopienne de Diré Dawa avait été entériné par les deux pays avec un financement à hauteur de près de 600 millions de dollars qui a été contracté sur prêt auprès de l'Exim Bank.
Réunis récemment à Djibouti, l'ensemble d'acteurs et de parties prenantes de ce gigantesque projet, à savoir les représentants des gouvernements des deux pays, les consultants des cabinets d'études et la China Civil Engineering Construction Corporation (CCECC), maître d'oeuvre du nouveau tronçon ferroviaire, ont discuté de la mise en place d'un processus d' accélération pour parachever la dernière étape avant le lancement officiel du chantier.
Selon les autorités djiboutiennes, dans le court terme, le projet poursuit plusieurs objectifs dont notamment la connexion du Port de Djibouti avec le Soudan du Sud via Addis Abeba en Ethiopie. Dans le long terme, il s'agit de connecter l'Afrique de l'est à l' autre extrémité du continent : la côte ouest.
A ce sujet, il convient de rappeler que Djibouti, l'Ethiopie et le Soudan du Sud avaient signé en février dernier un mémorandum d'entente tripartite de coopération économique ainsi que la construction d'un pipeline de pétrole.
"Ce projet de ligne ferroviaire devra faciliter l'accès aux différents marchés de la région et relever le niveau de l'activité économique tout en reliant les capitales administratives des pays de la région, et notamment avec de projets destinés à renforcer l' inter-connectivité des réseaux de télécommunications, mais aussi des oléoducs pétroliers et des infrastructures aussi bien routières et ferroviaires que maritimes et des zones franches allant de Djibouti jusqu'au Sud Soudan en passant par l'Ethiopie", avait indiqué dernièrement le ministre djiboutien des Transports.
Liée à ses voisins de la Corne d'Afrique par plusieurs projets d'intégration économiques destinés à renforcer davantage les échanges commerciaux, Djibouti, dont le défi de l'intégration régionale reste une des priorités de sa stratégie de développement, attend beaucoup de la mise en service de ce chemin de fer.
Pour l'Etat éthiopien, la réalisation d'une nouvelle ligne de chemin de fer est vitale car, depuis 1998, le rail constitue avec la route le seul couloir de désenclavement du pays.
A en croire les analystes économiques locaux, la mise en concession de la Compagnie de chemin de fer Djibouto-éthiopien ( CDE) permettrait au gouvernement éthiopien de disposer d'un mode de transport moins coûteux que la route et de remédier à l' insuffisance de ses capacités de transports.
La mise en service du nouveau chemin de fer djibouto-éthiopien favoriserait la croissance économique et la réduction de la pauvreté en permettant aux provinces qu'il traverse d'évoluer vers une économie d'échange grâce à un meilleur accès du marché.
Selon M. Kowrah, cadre du ministère djiboutien de l' Environnement, même chez les écolos de la région, la mise en servie du nouveau chemin de fer reliant ces deux pays de la Corne d'Afrique est très attendue car elle réduirait le volume des importations de pétrole des transporteurs routiers et les émissions de dioxyde de carbone.
"Depuis le basculement du trafic éthiopien sur Djibouti et l' arrêt du premier chemin de fer djibouto-éthiopien, 100.000 poids lourd éthiopiens vont la navette chaque année entre Djibouti et l' Ethiopie. La consommation énergétique du rail et son empreinte carbone peuvent être respectivement 75% et 85% plus faible que celles de la route", a-t-il précisé.
Le premier chemin de fer djibouto-éthiopien qui comprenait une seule ligne à voie unique, longue de 784 km, et reliant la ville de Djibouti à la capitale éthiopienne d'Addis-Abéba a été inauguré le 9 mai 1917 après vingt ans de travaux difficiles.