Plusieurs centaines de personnes se présentant comme des "victimes de Laurent Gbagbo" lors de la crise post-électorale de 2010 et 2011 ont manifesté lundi à Abidjan pour protester contre la décision de la Cour pénale internationale (CPI) réclamant des preuves supplémentaires avant un éventuel procès contre l'ex-président ivoirien en détention à La Haye pour crimes contre l'humanité.
Par petits groupes, les manifestants sont arrivés de différents quartiers d'Abidjan pour se rassembler dans le calme devant le Palais de justice au Plateau, le quartier administratif et des affaires d'Abidjan.
Des manifestants portaient des tee-shirts blancs frappés de l'inscription "victimes de la crise post-électorale" et brandissaient des pancartes avec les inscriptions "SOS, Justice pour nos mamans d'Abobo" ou encore "La CPI est-elle corrompue ?", a constaté Xinhua sur place.
La manifestation dite "journée d'indignation" des victimes de Gbagbo contre la décision de la CPI a été initiée par le député Alphonse Soro, par ailleurs président de l'Alliance pour le changement (APC).
Le 3 juin, les juges de la CPI ont considéré que les éléments présentés par le procureur ne permettent pas de décider s'il y a des "motifs substantiels" de croire que M. Gbagbo a commis les crimes qui lui sont reprochés et a demandé au procureur de soumettre des "preuves additionnelles" ou de conduire des " enquêtes supplémentaires".
Les juges ont notamment demandé au procureur de "présenter des informations supplémentaires sur les victimes, les préjudices qu'elles auraient subis ainsi que leur allégeance réelle ou supposée".
Les manifestants considèrent que cette décision est une " insulte" et une "provocation".
"Seul un procès contre Gbagbo peut conduire à une paix durable en Côte d'Ivoire", soutiennent les initiateurs de la " journée d'indignation" qui pensent qu'en interpelant la CPI les victimes pourront "avoir gain de cause".
Laurent Gbagbo, 68 ans, est soupçonné de quatre chefs de crimes contre l'humanité, à savoir meurtres, viols, persécutions et autres actes inhumains, commis pendant les violences post- électorales qui ont fait 3 000 morts entre 2010 et 2011 en Côte d'Ivoire.
Arrêté le 11 avril 2011 après deux semaines de guerre à Abidjan, suite à sa décision de ne pas reconnaître la victoire de son rival Alassane Ouattara à l'élection présidentielle de novembre 2010, Laurent Gbagbo a été transféré le 29 novembre 2011 à La Haye.