Des propriétaires terriens du village de Nanan, dans la commune de Yamoussoukro (centre, 230 km d'Abidjan), exigent du gouvernement la purge des droits coutumiers sur les terres données à l'Etat dans le cadre du transfert de la capitale politique et administrative ivoirienne d'Abidjan à Yamoussoukro voté en 1983 par l'Assemblée nationale.
"Nous demandons à l'Etat, à défaut de payer les purges, de procéder au dédommagement des propriétaires terriens", a confié mercredi à Xinhua Baba Sylla, secrétaire général du comité de gestion foncière du village, membre de la fédération des propriétaires terriens de Yamoussoukro.
Sur une superficie de 5 300 hectares que dispose le village, 4 650 hectares sont occupés par l'Etat pour l'aménagement de la zone administrative et politique de Yamoussoukro.
Le territoire de Yamoussoukro a été déclaré "d'utilité publique " depuis 1997 et à ce titre des délimitations du terroir ont été faites et aucune autre intervention ne peut se faire sur ces parcelles sans l'autorisation de l'Etat.
"Le village n'a donc pas d'extension possible et reste confiné dans sa structure initiale villageoise, il n'y a plus de terre cultivable, les villageois ne peuvent plus s'adonner à leur activité favorite l'agriculture", a déploré Baba Sylla.
Les purges sont les droits fonciers autochtones sur les zones moyennant le versement par l'Etat d'une indemnité fixée généralement à l'amiable sur la base d'un procès-verbal.
"Aujourd'hui la purge est fixée à 1 500 francs CFA (3 dollars) le mètre carré. Malgré le protocole d'accord qui existe depuis plusieurs années aucune purge n'est faite à ce jour", a relevé Baba Sylla.
Il affirme toutefois que pour l'Hôtel des députés, un hôtel de grand standing de 300 chambres construit par la Chine, le village a perçu "une avance de 65 millions sur 96,5 millions" de francs CFA prévus.
Pour les autres édifices dans le cadre du transfert de la capitale (Sénat, Palais présidentiel), "jusqu'à ce jour nous n'avons reçu aucun centime", soutient Baba Sylla.
Le cas de Nanan "une fois réglé" devrait servir d'exemple aux autres villages qui mettront facilement à la disposition de l'Etat leurs parcelles, "gage d'un succès certain pour l'opération du transfert de la capitale", estime M. Sylla.
Le transfert de la capitale à Yamoussoukro (300 000 habitants), le village du premier président ivoirien feu Félix Houphouët- Boigny (1905-1993) a été décidé pour désengorger Abidjan.
Bien qu'officiellement autorisé en 1983, le transfert de la capitale n'a connu un début effectif qu'à partir de 2000.