La liberté provisoire accordée lundi à 14 proches de l'ex-président Laurent Gbagbo est un acte "purement juridique" et "non politique", a commenté le ministre ivoirien de la Justice, Mamadou Gnénéma Coulibaly.
La justice ivoirienne a annoncé par les soins du Procureur de la République, Christophe Richard Adou, la mise en liberté provisoire de 14 personnalités de l'ancien régime détenues à la suite de la crise post-électorale de 2010-2011 dont Pascal Affi N'Guessan, le président du Front populaire ivoirien (FPI, de Laurent Gbagbo) et Michel Gbagbo, fils de l'ancien chef de l'Etat.
Cette décision est un acte "purement juridique et non politique", a souligné Mamadou Gnénéma Coulibaly qui précise qu'il s'agit d'une "action de la justice et non d'une action du chef de l'Etat (Alassane Ouattara)".
Il a expliqué que l'acte permet aux détenus de "pouvoir être provisoirement libres en attendant que que les procédures de jugement puissent connaître leur dénouement".
A l'issue d'un conseil des ministres lundi, le gouvernement a "pris acte" de la décision de mise en liberté provisoire, en espérant qu'elle contribuera à "l'apaisement du climat sociopolitique" et au "processus de réconciliation des Ivoiriens".
Cette décision doit "faire sortir le pays de la situation de belligérance dans laquelle les Ivoiriens se trouvent depuis la fin de la crise post-électorale" qui a fait 3 000 morts dans le pays, a indiqué le porte-parole du gouvernement, Bruno Koné.
Comme de nombreux leaders politiques, le président de la Commission dialogue, vérité et réconciliation (CDVR), Charles Konan Banny, a salué cette décision qui intervient à la veille de la commémoration mercredi du 53ème anniversaire de l'indépendance de la Côte d'Ivoire.
"Elle participe à la création et à l'instauration d'un climat encore plus propice à la réconciliation nationale", a-t-il indiqué, ajoutant que la décision revêt "un caractère spécial et hautement symbolique" et qu'elle "fera date dans l'histoire" du pays.
Pour le ministre de la Justice, Mamadou Gnénéma Coulibaly, "réconciliation d'accord, mais il ne faut pas oublier la situation des victimes".
"C'est vrai que l'on aspire à la réconciliation nationale mais il est bon que la justice puisse suivre son cours, les politiques peuvent avoir leur position mais la justice doit être le socle de la réconciliation nationale", a-t-il insisté, appelant à une accélération des procédures de jugement pour que ceux qui sont reconnus coupables paient pour leurs actes.
Au total 84 partisans de l'ex-président Laurent Gbagbo attendent d'être jugés en Cour d'assises pour leur responsabilité supposée dans les affrontements meurtriers post-électoraux entre 2010 et 2011.
Une première vague de 25 personnalités suivie d'une deuxième de huit personnalités pro-Gbagbo ont recouvré la liberté respectivement les 10 novembre 2011 et 20 décembre 2012.
Le Front populaire ivoirien (FPI) n'a pas réagi officiellement à la décision de justice.