Plus d'un mois après la destitution de l'ancien président islamiste Mohamed Morsi, l'Egypte sombre dans un conflit prolongé.
Depuis les affrontements sanglants qui ont fait au moins 578 morts mercredi dans le cadre de l'opération de dispersion des sit-in des partisans du président déchu Mohamed Morsi, au moins 14 personnes ont été tuées jeudi et vendredi et plus de 60 autres blessées, des hommes de sécurité pour la plupart, dans des attaques menées par des militants contre la police et l'armée dans la ville d'Arish, située dans le nord du Sinaï.
Les pro-Morsi ont organisé le 16 août des rassemblements d'envergure pour protester contre l'opération de dispersion musclée de mercredi. Des affrontements ont éclaté dans la nuit du 16 août sur l'étendue du territoire égyptien entre partisans du président déchu et forces de sécurité, et au moins 173 personnes ont été tuées et 1.330 autres blessées. Au cours de ces conflits, le fils de Mohamed Badie, guide suprême des Frères musulmans, la confrérie du président islamiste déchu Mohamed Morsi, a été tué par balles.
Lundi, au moins 25 agents de police ont été tués et trois autres blessés par des militants ayant ciblé deux bus dans le nord du Sinaï. Le même jour, les autorités égyptiennes ont décidé de fermer le point de passage de Rafah vers la bande de Gaza. L'Egypte a décidé jeudi dernier que cette fermeture serait définitive, afin d'empêcher les Palestiniens de quitter ou de retourner dans l'enclave côtière à travers son point de passage principal. Cependant, le passage a été partiellement rouvert samedi pour permettre à un véhicule transportant des médicaments de se rendre à Gaza.
Face aux conflits meurtriers en Egypte, le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, a appelé samedi les manifestants et les autorités égyptiennes à exercer "un maximum de retenue" et à "entamer immédiatement une désescalade" des tensions. Le ministre allemand des Affaires étrangères et son homologue du Qatar -- principal soutien des Frères musulmans -- ont condamné samedi à Berlin l'escalade de la violence en Egypte, enjoignant à toutes les forces politiques de dialoguer. Le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague a condamné samedi les violences en Egypte, tant du côté de la police que des manifestants, et dénoncé les attaques "inacceptables" contre des mosquées et des églises.
En répondant aux critiques intérieures et extérieures, le gouvernement d'Egypte a décrit vendredi dernier les Frères musulmans comme des "terroristes et hors-la-loi". Plusieurs appels ont été lancés pour dissoudre le groupe des Frères musulmans, et de nombreuses personnes considèrent que l'organisation est "illégale". Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Nabil Fahmy, a annoncé dimanche avoir demandé un compte rendu objectif et responsable de toute l'aide étrangère dont a bénéficié le pays. Il a annoncé qu'il avait ordonné au ministère des Affaires étrangères de passer en revue l'aide fournie à l'Egypte afin de déterminer "si elle est utile, ou si elle constitue un moyen de pression". Selon lui, l'Egypte reste ouverte à la communauté internationale tout en s'opposant à toute polarisation politique.