Le conflit en Syrie pourrait désormais se prolonger durant une demi-douzaine d'années, a prévu lundi un expert militaire suisse.
« Les prévisions et les rapports des services américains se sont révélés complètement faux sur l'évolution de la situation militaire en Syrie, a affirmé à Xinhua Alexandre Vautravers, Professeur de relations internationales, officier et chercheur associé au Geneva Center for Security Policy (GCSP), lors d'une interview accordée à Xinhua. Au début, on a dit au président Obama que l'armée syrienne ne pourrait pas tenir au-delà de six mois; puis, qu'elle devait s'écrouler. Il n'y a pas eu le nombre de désertions prévues et beaucoup de volontaires sont arrivés (+ de 20.000) pour se battre aux côtés de l'armée régulière. De plus l'Iran et l'Irak soutiennent la Syrie avec le pétrole, l'argent, les armes, le savoir-faire, des volontaires ainsi que des forces paramilitaires.. », a précisé cet expert.
« Aactuellement on se trouve dans une logique de calcul extrêmement froid dans laquelle les Etats-Unis ne veulent pas intervenir. Ils ont changé leur fusil d'épaule en considérant qu' ils n'ont plus à faire à un problème syrien mais à un problème régional. Ils vont soutenir, même militairement, les rebelles pour continuer à attiser ce conflit de manière à faire se rassembler en Syrie touts les djihadistes de la région. » a ajouté Alexandre Vautravers.
« Ces deux dernières années il y a eu énormément de flottements avec la tentative d'organiser des coalitions. Avec le temps on se rend compte que les factions qui se sont regroupées contre le pouvoir syrien sont loin d'être légitimes et posent des problèmes de respect des droits de l'Homme considérables. Elles n' ont aucuns projets communs pour reprendre et exercer le pouvoir; de plus, personne ne peut garantir que la situation économique et humaine sera meilleure sous la direction des rebelles », a dit Alexandre Vautravers. L'expert militaire suisse a dit que « l' armement utilisé dans le conflit en Syrie date des années 1960- 1970. »
Il a précisé que « les combats se déroulent principalement en zone urbaine, ce sont des combats à longue distance qui ont lieu dans les quartiers suburbains, moins que dans le centre des villes. »
Il a ajouté « qu'il n'y a pas de volonté réelle d'actions décisives. On préfère noyauter et quadriller, avec de petites unités qui sont à 400 mètres les unes des autres, à la portée des armes. Avec ce maillage, on empêche l'adversaire de se mouvoir, on lui interdit de pénétrer dans un quartier.. »
« Ce genre de combat est intéressant car il revêt avant tout un aspect symbolique vis-à-vis des populations, il faut montrer qu' on tient un quartier, une rue. »
« Il y a de grandes quantités d'armes qui entrent en Syrie. Aujourd'hui les puissances qui souhaitent aider les rebelles ou le régime le font d'une manière assez sophistiquée. Elles ont toute une série de possibilités pour se fournir en armes dans des pays avec lesquels il n'existe pas de liens directs (Amérique du Sud, Afrique, Asie) », a expliqué le professeur Vautravers.
« Les discussions sont importantes mais les résultats seront peut-être des éléments très techniques, très logistiques, très humanitaires, très ponctuels.. Une entente sur l'issue du conflit n' est pas quelque chose d'envisageable. »
D'après le chercheur associé au GCSP, « ce conflit va durer une demi-douzaine d'années sans véritable résolution sur le terrain. »