Suite aux nouvelles violences, qui ont coûté la vie à plusieurs dizaines de personnes dont deux humanitaires le 7 septembre à Bossangoa (nord-uest), le responsable de communication du Comité international de la Croix- Rouge (CICR) en Centrafrique, Vincent Pouget, a plaidé samedi dans un entretien à Xinhua pour le respect des populations comme des humanitaires dans ce pays.
Le CICR qui espère une augmentation de son budget en 2014 afin de poursuivre son action pour améliorer l'accès aux soins de santé des populations dont celles de la préfecture de Nana-Gribizi où près de 6.200 consultations ont été menées en quatre semaines par des cliniques mobiles, a permis l'évacuation jeudi de 13 blessés graves des combats ayant opposé en début de semaine l'armée et des groupes armés dan le Nord-Ouest, annonce M. Pouget.
Question : Comment le Comité international de la Croix-Rouge vit-il les violences et l'insécurité en République centrafricaine ?
Réponse : Le Comité international de la Croix-Rouge travaille avec la Croix-Rouge centrafricaine d'une manière neutre et impartiale pour alléger les conséquences humanitaires des violences actuelles pour les populations de la République centrafricaine, en particulier au niveau de l'accès aux soins de santé qui s'est dégradé ces derniers mois. Parce qu'il y a eu la fuite du personnel qualifié des provinces vers Bangui, la dégradation des ambulances, des centres de santé qui ont été pillés et du matériel qui a été volé. Le CICR a mis sur pied dans la préfecture de Nana-Gribizi des cliniques mobiles qui ont commencé au mois de juin. Pour prendre un exemple, ces quatre dernières semaines, ces cliniques mobiles ont réalisé près de 6. 200 consultations qui ont permis à des personnes qui vivent loin de l'hôpital préfectoral de recevoir des soins de santé.
Q : Combien de ces cliniques mobiles dénombrez-vous ?
R : Il y a deux équipes de personnel soignant qui sillonnent chaque semaine trois axes de la Nana-Gribizi, depuis le chef lieu de la préfecture vers Ouandago, Dissikou et Mbrès pour atteindre les populations des lieux reculés.
Q : Quel est le budget alloué par le CICR à ces urgences humanitaires ?
R : On espère que notre budget annuel va s'accroître l'année prochaine pour faire face aux besoins en augmentation en particulier pour l'accès aux soins des populations. On est en train de préparer un soutien à l'hôpital préfectoral de Kaga- Bandoro. Ça va être un soutien en infrastructures et en personnel de manière à pouvoir fournir des soins de meilleure qualité à la population. La population bénéficiaire est évaluée à 134.000 personnes. On prévoit également de renforcer en 2014 les capacités du service de chirurgie de l'hôpital de référence de Bangui.
Q : Combien de déplacés interne recense-t-on aujourd'hui sur le territoire centrafricain ?
R : C'est extrêmement difficile d'avoir un chiffre précis. Chaque semaine, on a des cas de personnes qui vont en brousse. Ce qu'il faut savoir, c'est que ces personnes pour la plupart se déplacent de manière disparate.
Q : Est-ce qu'on peut néanmoins avoir quelques estimations ?
R : On peut situer le nombre à plusieurs milliers. Sinon, la préoccupation aujourd'hui réside dans le sort des déplacés qui se trouvent là où il y a eu et il y a encore parfois des violences. Il s'agit principalement des zones de Bossangoa, Bassangasso et Bouka dans le Nord-Ouest. Pour nous, les populations les plus vulnérables sont les enfants de 0 à 5 ans et les femmes enceintes. On a constaté que ce sont les principaux bénéficiaires des soins de santé administrés par nos équipes mobiles. Ce sont des personnes particulièrement sensibles et fragiles à la malaria et à la diarrhée liée à la consommation d'eau non potable lorsqu'ils sont en brousse.
Q : Est-ce que vous confirmez le bilan de plus 100 morts dans les deniers combats entre l'armée et des groupes armés dits fidèles au président déchu François Bozizé dans cette région en début de semaine ?
R : Il y a eu plusieurs dizaines de morts. On n'a pas encore un chiffre précis à l'heure actuelle. On a une équipe à Bouka, constituée de personnels du CICR et de volontaires secouristes de la Croix-Rouge centrafricaine. Ils sont là pour délivrer les premiers secours et faire la gestion des dépouilles mortelles, permettre aux familles de récupérer leurs corps et de les enterrer. Le CICR a évacué jeudi sur Bangui 13 blessés graves par avion pour leur permettre de recevoir des soins qu'ils ne pouvaient pas recevoir sur place. Notre action consiste également à dialoguer avec les autorités et l'ensemble des parties prenantes pour rappeler leur obligation de respect des populations et des prisonniers.
Q : Quel commentaire faites-vous au sujet de l'assassinat de deux agents humanitaires de l'Ong Acted ?
R : On déplore la mort de ces deux humanitaires qui souligne la nécessité de garantir des conditions de sécurité adéquates pour permettre aux humanitaires de porter assistance aux populations. Parce qu'aujourd'hui dans bien des cas les humanitaires sont les seuls à fournir des soins de santé à la population. S'ils n'arrivent pas à travailler, cela a des conséquences dramatiques pour les populations bénéficiaires.