Le secrétaire général de l'Union générale tunisienne du Travail (centrale syndicale, UGTT) Houcine Abassi a déclaré samedi que "la Troïka (coalition tripartite au pouvoir) n'a pas accepté d'une manière explicite la démission de l'actuel gouvernement et la formation d'un nouveau cabinet apolitique".
Lors d'une conférence de presse à Tunis organisé par les quatre "parrains" du dialogue national en Tunisie (UGTT, centrale patronale, Ordre des avocats et Ligue des droits de l'Homme), M. Abassi a affirmé que le quartet de la centrale ouvrière a déjà commencé à recevoir des réponses sur la nouvelle feuille de route proposée récemment par le quartet de médiation.
Il s'agit de suivre un calendrier de quatre semaines (au maximum) tout en recommandant la tenue d'une séance à la Constituante, synonyme de démarrage du dialogue national en présences des trois présidents (République, gouvernement et Constituante) pour annoncer la date de formation du nouveau cabinet et le parachèvement des travaux constituants.
D'un autre côté, la feuille de route impose une démission de l'actuel gouvernement dans un délai ne dépassant pas les trois semaines après quoi les différentes parties intervenantes se mettront d'accord sur un cabinet restreint de compétences interdit à se porter candidat aux prochaines élections (présidentielles et législatives).
Vendredi, les trois partis composant la Troïka, conduite par le parti islamiste Ennahdha (Renaissance) a communiqué son acceptation officielle à une initiative proposée auparavant par les quatre "parrains" du dialogue national.
Malgré cette annonce officielle, "la Troïka a refusé de limiter les travaux de la Constituante aux seules missions constituantes", a commenté le patron de la centrale syndicale. Selon lui, "Ennahdha aurait dû annoncer qu'elle accepte la feuille de route et non l'initiative dans sa globalité."
"Nous refusons cette acceptation, a-t-il poursuivi, dans la mesure où elle (acceptation) ne comporte aucune réponse claire à la majorité des points mentionnés dans la feuille de route qu'on avait proposé."
Leur accusant de vouloir ralentir le processus de dialogue national, M. Abassi estime également que les islamistes au pouvoir tentent de mettre à leur profit la reprise des travaux de la Constituante "pour gagner du temps, ce qui aurait des répercussions néfastes sur le double plan social et économique". Et de révéler qu'"il existe certaines tentatives de détournement dans le but de repartager les rôles".
"Les Tunisiens sont fatigués", a dit M. Abassi. "La crise politique actuelle se répercutera davantage et d'une façon négative sur la situation économique et sociale et sur le taux de chômage".