Dernière mise à jour à 13h08 le 20/08
Le dinar algérien continue de baisser face aux principales devises internationales, en atteignant cette semaine les niveaux les plus bas jamais enregistrés depuis l'indépendance du pays en 1962. Cette baisse continue inquiète les Algériens dans la mesure où elle va, à terme, influer sur leur pouvoir d'achat.
En effet, les cours d'ouverture du dinar algérien contre les principales devises et monnaies sur le marché interbancaire des changes affichés le 19 août par la Banque d'Algérie évaluent un dollar américain à 105 dinars algériens DZD, un euro à 116 DZD et une Livre Sterling coûtant 165 dinars.
Pour expliquer cette situation, l'économiste et vice-président du Conseil national économique et social (CNES), Mustapha Mekideche, a dans une interview accordée au site TSA dit que la baisse du dinar est liée à la chute du prix des hydrocarbures. "Avec la perte consécutive de la moitié de nos revenus en devises et la hausse du dollar à des niveaux qu'il n'avait pas atteint depuis presque une décennie par rapport à d'autres devises dont l'euro, a-t-il expliqué, nous sommes dans un système de change, mis en place par la Banque centrale, qui fait qu'à chaque fois que le dollar augmente et que nos recettes en devises baissent, le mécanisme de fixation du taux de changes s'ajuste pour avoir une plus grande quantité de dinars à offrir au budget de l' État".
Le baril de pétrole poursuivant son recul, mercredi, le Brent (référence pour le pétrole algérien) fait une régression de 0,12% par rapport à la veille, affichant ainsi 48,64 dollars. En un mois, l'or noir a perdu 15% de sa valeur. En glissement annuel (52 semaines), la baisse s'établit à près de 53%.
Les hydrocarbures représentent en moyenne 96% des recettes de l'Algérie, alors que les prix du Brent sont passés de 110 dollars/baril en juin 2014 à seulement 48 dollars/baril de nos jours.
UN CHOIX DELIBERE
Outre la chute des prix du pétrole et la hausse du dollar, l'économiste et ex-secrétaire d'État de la Prospective et des Statistiques, le docteur Messaitfa a, lors du forum du quotidien arabophone El Wassat, estimé que la chute du dinar est une action délibérée du gouvernement algérien.
D'après lui, la récente décision du gouvernement d'intégrer l'argent qui circulait dans le circuit informel et le placer dans le circuit bancaire est aussi une de ces causes.
A travers cette mesure, explique-t-il, le gouvernement a voulu assurer assez de liquidités aux banques (40 milliards de dollars), afin de les réorienter vers les investissements productifs, et du coup diversifier l'économie nationale hors hydrocarbures.
Faisant le parallèle avec des pays dotés d'une puissance économique, le docteur Messaitfa a indiqué qu'il s'agit d'une pratique connue chez des pays à l'instar des États-Unis et de la Chine. Cette dernière a baissé par trois fois sa monnaie afin d'équilibrer son économie, précise-t-il.
A la question de savoir si la dévaluation du dinar affectera le pouvoir d'achat des citoyens algériens, le docteur Messaitfa a répondu par l'affirmative, précisant que les retombées vont toucher les tarifs de certains produits à partir de janvier 2016, notamment ceux qui ne sont pas subventionnés par l'État.
Sur le même sujet, des opérateurs économiques algériens avertissent sur les conséquences de la décision de dévaluer le dinar. Pour eux, dévaluer le dinar signifie des coûts d'importations plus élevés et par conséquent des coûts de revient et de vente plus élevés.